La raréfaction des stocks pousse le café à la hausse

Les craintes d'inflation sur les produits alimentaires ne portent pas que sur les céréales. Les cours du café, qui ont bondi de 30 % depuis le début d'année sur l'Intercontinental Exchange (ICE) aux États-Unis, à 1,9 dollar la livre de robusta hier pour l'échéance décembre, se répercutent déjà sur les prix à la consommation. Le sénateur de New-York, Charles Schumer, s'est d'ailleurs emparé du sujet cette semaine en dénoncant les projets de thésaurisation de la matière première, au Vietnam et au Brésil. Second pays producteur, le Vietnam envisage en effet d'augmenter ses capacités de stockage de 200.000 tonnes, afin de moins subir les fluctuations du marché. Pour le sénateur, cette thésaurisation risque de faire grimper les prix encore plus haut. De fait, les spécialistes n'anticipent pas de détente sur les cours, qui ont touché un plus-haut depuis plus de 13 ans mercredi. «Le marché reste très nerveux et tendu compte tenu du faible niveau des stocks mondiaux et de l'équilibre précaire entre offre et demande » explique le dernier bilan de l'International Coffee Organization (ICO). La matière première s'est raréfiée ces dernières années : sur le marché américain, le café conservé dans les entrepôts de l'ICE a chuté de 33 % en un an. Les industriels ont aussi réduit leurs niveaux de stocks, ce qui les rend sensibles aux variations de prix. Et malgré une récolte qui s'annonce à la hausse pour la saison 2010/2011, avec 135 millions de sacs* attendus contre 120 millions l'an dernier, l'offre semble structurellement fragile. En cause : les conditions climatiques, qui affectent de plus en plus régulièrement les zones tropicales où poussent les plants de café. Ainsi, l'Amérique du Sud est susceptible de subir cette année La Nina, un phénomène climatique qui augmente fortement la pluviosité. Et dont le continent a déjà fait les frais en août, avec des pluies diluviennes en Colombie notamment. Les cours de l'arabica, surtout produit dans ce pays, s'en ressentent : traditionnellement plus cher, l'arabica a vu sa prime grimper ces dernières semaines. En 2009, la production colombienne était tombé à un plus-bas sur 33 ans. Le Vietnam a également subi des précipitations plus sévères qu'à l'ordinaire cette année, ce qui risque de peser sur les rendements. Si elle semble justifiée par les problèmes de l'offre, la volatilité des cours est amplifiée par l'impact de fonds, qui voient dans le café, comme dans le blé ou le sucre, des perspectives plus rassurantes que sur les autres classes d'actifs. Aline Robert * Un sac = 60 kgle VietNam envisage d'augmenter ses capacités de stockage de 200.000 tonnes.
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