Londres s'inquiète des sanctions contre BP

L'affaire BP commence à devenir une affaire politico-économique entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. Face à la rhétorique très dure de Barack Obama contre la compagnie pétrolière britannique, responsable de la marée noire dans le Golfe du Mexique, les hommes politiques britanniques ont commencé à exprimer leur inquiétude.David Cameron, le premier ministre, va aborder le sujet lors d'une conversation téléphonique qu'il doit avoir avec Barack Obama ce week-end, même s'il dit comprendre la « frustration » du président américain. Boris Johnson, le maire de Londres, va plus loin : « quand on considère l'énorme exposition des fonds de pension britanniques à BP, cela commence à devenir une question d'inquiétude nationale. » Il ajoute que la marée noire est un « accident ». Du point de vue britannique, BP est en effet l'une des entreprises préférées des fonds de pension. Ceux-ci étaient jusqu'à présent attirés par cette entreprise qui versait un dividende régulier et quasiment certain. L'impact total, sans être catastrophique, est loin d'être négligeable : BP représente environ 1,5 % des actifs des fonds de pension britanniques.Cela pourrait ne pas continuer. Le vice « attorney general » américain a affirmé mercredi soir devant le congrès qu'il envisageait d'agir en justice pour forcer BP a suspendre son dividende. Cette annonce, couplée à la fuite qui se poursuit - malgré les 15.000 barils désormais contenus tous les jours - et à la nervosité générale des marchés, a provoqué une nouvelle chute violente en Bourse : ce jeudi, l'action de BP a une nouvelle fois dévissé de plus de 10 % dans la matinée, avant de se reprendre en fin de journée. Depuis le début de la crise, le cours de BP a été presque divisé par deux. Quant aux obligations de BP, elles s'échangent désormais au même prix que des « junk bonds ». « C'est de la panique pure, estime Michael Donelan, spécialiste du marché obligataire à Ryan Labs. Le marché prévoit une punition très très lourde (contre BP). »Contrats de l'armée américaineL'entreprise pétrolière essaye de rassurer, soulignant ne « pas être au courant de la raison de la chute de l'action ». Elle rappelle qu'elle demeure une entreprise solide, ayant réalisé 26 milliards de dollars (21 milliards d'euros) de profits avant impôts en 2009. De plus, et c'est paradoxal, la crise « génère un cash flot additionnel significatif », dans la mesure où elle a fait augmenter le prix du baril de pétrole. Et pour l'instant, le coût de la réponse ne s'élève qu'à 1,43 milliard de dollars (1,2 milliard d'euros), même si la facture finale sera beaucoup plus élevée.Selon Christine Tiscareno, analyste chez S&P Equity Research, qui a abaissé sa recommandation sur l'entreprise, ce jeudi, d'achat à maintien, le contrôle de la fuite pourrait prendre environ six mois. D'un point de vue politique, c'est très long. Et il n'est pas sûr que les pécheurs du Golfe du Mexique, qui ont perdu leur source de revenus, laissent autant de temps à Barack Obama avant que ce dernier ne prenne de sévères sanctions. À sa disposition, il a un arsenal très large. Le plus dur : supprimer les contrats de l'armée américaine avec BP, qui s'élèvent à 2 milliards de dollars par an.
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