La BCE à l'écoute de marchés en souffrance

Les conditions de marché étaient loin d'être optimales lorsque Jean-Claude Trichet a pris la parole lors de sa traditionnelle conférence de presse qui suit la tenue du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, maintenant inchangé à 1 % son taux directeur pour le treizième mois consécutif. Dans la matinée de jeudi, les banques implantées dans la zone euro avaient à nouveau parqué un montant record de liquidités auprès de la facilité de dépôts à 24 heures de la BCE, soit 369 milliards d'euros contre 364 la veille, reflétant la défiance persistante des établissements financiers entre eux, qui préfèrent la faible rémunération de 0,25 % offerte par l'institut d'émission au risque supposé de prêter à son voisin. Sur le marché des obligations souveraines, malgré une légère détente, les écarts de taux entre le bund à dix ans du bon élève désigné de l'Europe, l'Allemagne, et ceux de ses partenaires de la zone euro, restaient très élevés, le « spread » avec l'OAT française se maintenant au-dessus de 50 points de base. Seul l'euro faisait meilleure figure, à nouveau installé au-dessus de 1,20 dollar, après une chute à un plancher de quatre ans en début de semaine, à 1,1875. Il a même fait une incursion au-dessus de 1,21, lorsque Jean-Claude Trichet a affirmé que la monnaie européenne était non seulement « forte et très crédible » mais qu'elle avait joué une rôle majeur dans le maintien de la stabilité des prix, le bien le plus précieux de la zone euro. pragmatismeSi le président Trichet n'a pas apporté de réponses précises aux multiples questionnements des intervenants des marchés, son pragmatisme a néanmoins fait mouche. Face au blocage du marché interbancaire, dont il a admis le « fonctionnement anormal », il a annoncé que, au-delà du 30 juin, la procédure de refinancements régulière à trois mois continuerait à s'effectuer à taux fixe et pour des montants illimités. A ceux qui s'interrogeaient sur la pérennité du programme de rachats de titres de dette souveraine, dont les montants ont fondu au cours de leur premier mois d'existence pour tomber de 16,5 milliards d'euros lors de leur semaine inaugurale à 5,5 milliards la semaine dernière, pour totaliser 40,5 milliards d'euros, Trichet a affirmé que la BCE n'avait pas l'intention de baisser les bras. Il n'a toutefois révélé ni les montants ni la composition par pays et par maturité des titres qui seront engrangés. Mais les marchés ne lui ont pas fait grief, peut-être parce que la prévision de croissance de la BCE pour 2010 a été révisée en hausse à 1 % contre 0,8 %, même si celle de 2011 a été abaissée à 1,2 % contre 1,5 % précédemment, prenant acte de l'impact négatif à moyen terme des plans d'austérité récemment annoncés par plusieurs pays européens pour consolider leurs finances publiques. n Infographie2cols 60mm
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