Quand la demande de pétrole s'orientalise

86,4 millions de barils par jour : voilà l'addition, plus salée que prévue, de la demande de pétrole mondiale pour 2010, que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu à la hausse hier. Principalement du fait d'un redémarrage plus rapide que prévu de l'économie américaine. À la surprise générale, la consommation de diesel a brusquement redémarré le mois dernier aux États-unis, visiblement tirée par une accélération du fret routier et de la demande industrielle. Deux signaux avant-coureurs, a priori très positifs, pour les perspectives de l'économie américaine, même s'ils méritent d'être nuancés tant « les chiffres des stocks publiés toutes les semaines par le ministère de l'Énergie américain sont de plus en plus révisés a posteriori », prévient un expert. boulimie chinoiseLe rapport mensuel de l'agence met aussi en avant la forte progression de la demande chinoise. En avril, la consommation de pétrole y a bondi de 12,7 % par rapport à l'année précédente ; et les signaux continuent d'être au vert pour les mois suivants. De fait, 40 % de la demande supplémentaire en 2010 proviendra de l'Empire du milieu. Et pour la période 2010-2015, c'est la moitié de la progression de la demande qui devrait être liée à la Chine ! Si l'on ajoute l'Inde, l'orientalisation de la consommation d'or noir se fait encore plus nette. Selon les calculs d'Amrita Sen chez Barclays Capital, la consommation mondiale d'or noir aurait plongé de 4 %, et non pas de 1 % sur l'année 2009, en l'absence des voitures, bateaux et autres mobilettes indiennes et chinoises. Le déplacement de l'épicentre de la consommation d'énergie vers l'Asie se constate aussi dans l'effondrement des prix du gaz naturel. Peu équipés en centrales thermiques à gaz ou en réseaux de gaz de ville, les deux pays émergents consomment très peu de gaz. Selon la BP Statistical Review publiée mercredi, un outil de référence pour l'industrie, l'hydrocarbure a été la source d'énergie la plus sévèrement frappée par la crise l'année dernière, avec un repli de 2,1 % de la consommation. Comme l'AIE, qui vient d'en faire son nouveau cheval de bataille, la publication de BP témoigne d'une forte progression de la consommation de pétrole dans les pays où il est largement subventionné. Le chiffre le plus impressionnant est sans doute celui de l'Arabie Saoudite. Alors que le monde s'enfonçait dans la crise l'année dernière, le pays détenant les premières réserves mondiales de pétrole a vu sa consommation intérieure bondir de... 9,8 % ! Aline RobertInfographie1col 85mm
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