L'industrie tourne à petite vitesse

Bien évidemment, le gouvernement, Christine Lagarde en tête, voudra voir dans les statistiques publiées mardi par l'Insee des éléments encourageants. Si l'on considère l'ensemble du deuxième trimestre, la production industrielle a progressé de 0,8 % en volume, par rapport aux trois mois précédents. Un rythme de progression de 3,2 % l'an qui a de quoi satisfaire Bercy. Mieux, à ne regarder que l'industrie manufacturière - hors construction et énergie -, la hausse atteint même 1,3 %.Le hic, c'est que l'industrie évolue en dents de scie, et non sur une tendance clairement haussière. La progression trimestrielle est le résultat d'une forte hausse en mai, suivie d'une rechute en juin (? 1,7 % d'un mois sur l'autre). Cette dernière est largement due à l'automobile, dont la production recule d'un coup, de 6 %, tout comme celle des autres matériels de transport (navires, avions...). Mais cette dernière branche affiche un bilan largement positif d'un trimestre sur l'autre (+ 7,6 %). Et par rapport à 2005, base des calculs de l'Insee, la production de bateaux, d'avions... s'inscrit en nette progression (+ 22,5 %). Ce n'est pas du tout le cas de l'automobile, qui est loin d'avoir effacé la crise. La production auto dans l'Hexagone reste inférieure aujourd'hui de 38,8 % à son niveau de 2005. L'explication n'est pas seulement conjoncturelle : les délocalisations sont passées par là. Les constructeurs français, qui produisent la plupart des petites et moyennes voitures à l'étranger, ne ferment pas d'usines en France, ce qui serait politiquement incorrect, mais ils ont quasiment vidé certains sites de toute activité.Un rebond a lieu, grâce à la prime à la casse. Mais celle-ci va disparaître. Depuis le premier juillet, elle n'est plus que de 500 euros. « Avec la disparition progressive de la prime à la casse, l'industrie automobile va désormais tirer la production industrielle à la baisse », anticipe Olivier Gasnier, économiste la Société Généralecute; Générale.bonne tenue des exportationsD'où peut alors venir le soutien à la croissance ? Selon Adèle Renaux, économiste chez Natixis, la hausse de la production industrielle au deuxième trimestre s'explique avant tout par la bonne tenue des exportations. « Il y a peu de chances que la demande intérieure, déprimée, contribue au rebond de la production industrielle », indique-t-elle. Pour la suite, « tout dépendra donc de l'évolution du commerce extérieur ». L'Insee publiera vendredi 13 sa première estimation pour la croissance du PIB au deuxième trimestre. Elle sera bien sûr positive, soutenue par la progression de l'industrie. Mais les experts de l'Institut de la statistique s'attendent déjà à un ralentissement de l'économie mondiale, sous l'effet des plans de rigueur qui se multiplient dans les pays industriels.
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