Un bon coup politique

Fini les bisbilles entre Paris et Londres. Elles avaient été alimentées par les fanfaronnades de l'Élysée après l'attribution à Michel Barnier du portefeuille marché intérieur au sein de la Commission européenne et par les réactions de « french-bashing » dans les tabloïds britanniques. Programmée en catastrophe à Londres, puis annulée et enfin déplacée à Bruxelles, la rencontre Sarkozy-Brown a bien eu lieu jeudi : mais au lieu de nous jouer « Règlement de comptes à OK Corral », les deux dirigeants ont scellé leur réconciliation en menant une attaque en règle contre les bonus. Le duo franco-britannique avait bien préparé son coup : le matin, les deux dirigeants cosignaient une tribune dans les colonnes du « Wall Street Journal », pour réclamer la taxation des bonus. Résultat : non seulement la polémique entre Paris et Londres était close, mais, en glissant les bonus au menu des Vingt-Sept, Gordon Brown et Nicolas Sarkozy réalisent une excellente opération politique. échéances électoralesD'abord, ils font une OPA sur le sommet européen, menacé de s'engluer dans des discussions climatiques soporifiques. Ensuite, vis-à-vis de leurs opinions respectives : au plus bas dans les sondages à quelques mois d'échéances électorales importantes (régionales en France et législatives au Royaume-Uni), ils peuvent espérer que leur bataille antibonus améliore leur image. À condition toutefois de transformer les promesses en actes. Or si Nicolas sarkozy a bien été le premier a dénoncer les rémunérations des banquiers ? le 23 septembre 2008, à New York, il stigmatisait le manque de responsabilité de ceux qui distribuent des « bonus gigantesques » ?, force est de reconnaître que Gordon Brown lui a volé la vedette en annonçant dès mercredi, à l'occasion de la présentation du prébudget britannique, la mise en place d'un impôt sur les bonus. Le léger temps de retard de Paris, aussitôt exploité par l'opposition ? « la décision anglaise confirme la pertinence de nos propositions et l'inertie de la France », expliquait jeudi le député socialiste Didier Migaud ?, devrait être comblé ce vendredi : jeudi soir, Paris travaillait d'arrache-pied pour permettre à Nicolas Sarkozy de présenter à son tour la proposition française. Éric Chol
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