Très chers brasseurs? Les 5,3 milliards d'euros déboursés ce lundi par le néerlandais Heineken pour racheter la division bières du mexicain Femsa représentent 11 fois l'excédent brut d'exploitation dégagé par la division en question, selon les analystes de SNS Securities. Ces derniers estiment que l'opération « n'est pas bon march頻. Mais pouvait-il en être autrement ? Depuis deux ans qu'une nouvelle vague de concentration a débuté parmi les brasseurs, ces derniers ont vu leurs cours de Bourse exploser, attrait spéculatif oblige. L'action Femsa avait ainsi bondi de 51 % en 2009, et Heineken s'était adjugé 52 %. Résultat, Femsa et Heineken se paient respectivement en Bourse 23,7 et 16,7 fois leur bénéfice par action estimé pour 2010, selon les données de l'agence Bloomberg. Des multiples bien supérieurs à celui du marché boursier dans son ensemble : l'indice Dow Jones Euro Stoxx 50, qui représente les principales capitalisations européennes, se traite sur la base d'un PER (price earning ratio, ou rapport cours sur bénéfice par action) de 11,9. Quant au S&P 500, l'indice des plus grandes valeurs américaines, son PER n'excède pas 15.capacité d'adaptationFemsa et Heineken ne sont pas des cas isolés. Le belgo-américain Anheuser-Busch Inbev affiche un multiple de valorisation de 20,4. Et ceux du sud-africain SABMiller et du danois Carlsberg s'élèvent à 18,3 et 15. Reste que cette cherté n'est pas imméritée. Au-delà de la dimension spéculative du secteur, elle reflète la capacité des brasseurs à s'adapter à la nouvelle donne du marché, à savoir une consommation de bière qui s'essouffle dans les pays matures et des cours des matières premières, comme l'orge, qui peuvent fluctuer fortement. Cette adaptation des brasseurs consiste précisément en des acquisitions constituant des relais de croissance. De fait, les analystes de SNS Securities reconnaissent eux-mêmes la pertinence de cet achat qui renforce Heineken sur le très lucratif marché mexicain de la bière. Une pertinence saluée par la Bourse : l'action Heineken a bondi de 6 %, lundi en séance. Christine Lejoux

latribune.fr

11 Jan 2010, 23:45

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