STRONG>Lundi. Buffet froid«Guten Tag, Nico ! Bon te casse pas à venir à Berlin, je suis overbookée avec mon plan d'austérité». Le message a le mérite d'être clair même s'il était un peu tardif. Juste le temps pour le cortège présidentiel de goûter aux joies des heures de pointe sur le périph et hop ! demi-tour, et retour à la maison. Humiliation et crime de lèse Président ! Que celui-ci se console. De toute façon avec la mère Merkel, cela aurait été un buffet froid. Et c'est parti pour durer vu les économies qu'elle compte faire là-bas ... Plus de 80 milliards en quatre ans. D'ailleurs la prochaine réunion, ce sera jambon beurre entre Angie et Nico. Là-bas, la réduction des dépenses c'est du lourd. Le déficit, on le travaille au fer, à la flamme moyenâgeuse. C'est du brutal. Pas comme ici, en France où faute d'un vrai gros chiffre crédible, les éminences grises élyséennes épuisent le dictionnaire des synonymes pour éviter de prononcer les mots interdits : « austérité » et « rigueur » ... . Ce lapin signifie en substance : « Pas le temps de badiner avec ceux qui ne font rien. On austérise le budget, NOUS ! ». Si cela ne s'appelle pas mettre la pression ...Mardi. BerlinadesAux Berlinades de l'aéronautique, l'ours d'or a été attribué à ... (roulement de tambour) ... Airbus, au titre de « la plus grosse commande de l'histoire de l'aéronautique civile ». Rien de moins que 32 A380 pour 11,5 milliards d'euros auprès de ... (roulement de tambour) ... Dubai Emirates ! Qui devient officiellement la première groupie de ce pachyderme des airs puisqu'elle en a déjà précédemment commandé 58 exemplaires. Pas étonnant. Avec un euro au plus bas de quatre ans, les Berlinades aériennes tournent à la foire aux soldes et rendent les clientes hystériques. Car la baisse de l'euro peut au moins permettre aux entreprises européennes de compenser en contrats ce que la cure d'austérité va nous coûter en points de croissance. Seul hic, il s'agit quand même de la compagnie de Dubai ... Dubai !!! Cet Etat qui respire la démesure et ne compte qu'à son actif (ou plutôt à son passif) des milliards de mètres cube de sable, un conglomérat (Dubai World) qui croulait il n'y a pas longtemps sous 59 milliards de dettes, un palmier géant et des immeubles pharaoniquement vides ... Mais en y pensant ... C'est peut-être ça le business plan de Dubai. Acheter beaucoup d'avions pour ramener beaucoup de touristes, histoire que son immobilier ne reste pas vide !Mercredi : Famille, je vous aimeLes temps sont durs et obscurs. Les opérateurs flairent le moindre bout de racine qui pourrait voir naître un arbre à plus-values. Ils creusent sans relâche en quête de la fondation la plus solide. Jusqu'à tomber sur la plus ancestrale et sécurisante d'entre elles : la famille. Parents, enfants, cousins,...Tous oeuvrent pour préserver au mieux leur patrimoine. Faisant au passage les bonnes affaires des pièces rapportées, minoritaires dans le capital mais tout aussi soucieuses de faire fructifier leurs intérêts. Les entreprises familiales ont tout pour plaire : politique de développement maîtrisée, gestion budgétaire stricte et versement de dividendes juteux. Lorsque les autres multiplient les augmentations de capital, comme entre 2008 et 2009, elles sont assises sur un tas de billets. Les opérateurs aiment ça et le montrent. Parmi les rares titres en hausse depuis le début de l'année, PPR, LVMH, Cap Gemini et Pernod-Ricard tiennent désormais le haut de l'affiche. Mieux vaut appartenir à un clan le temps d'un achat de titres plutôt que de se retrouver isolé au milieu d'une communauté d'investisseurs aux aspirations divergentes. Au risque d'être la cible d'un spéculateur embusqué.Jeudi : Statu de quo de rigueurTrichet le sait. Hors de question de relever les taux directeurs tant que la zone euro n'aura pas terminé sa cure d'austérité budgétaire. Pour le moment, l'inflation n'est qu'une lointaine perspective. Au contraire, on craint la déflation. La troisième barre du W se rapproche dangereusement. Une rechute « récessionniste » n'est pas exclue à l'horizon 2011 sur le Vieux Continent. Ce n'est pas le moment d'envenimer les choses. Pas question non plus de laisser filer l'euro. Quitte à y donner de sa propre personne. Il faut rassurer sur la capacité des états a honorer leurs engagements. C' est décidé, la BCE achètera des obligations publiques. Pas pour le rendement mais pour animer le marché. Le saint patron des banquiers l'a bien compris : le meilleur moyen d'endiguer la spéculation est de la liquéfier. Et pour une fois depuis plusieurs semaines, Jean-Claude n'a pas fait flancher les marchés.Vendredi. Hara-kiriMais qu'est-ce qu'ils ont tous à prononcer les mots défendus ? Ils voudraient attirer les requins en versant leur sang dans la mer qu'ils ne s'y prendraient pas mieux. Après la Hongrie la semaine dernière, le Japon ce vendredi tentait un hara-kiri, histoire de voir si cela faisait encore mal. Là, pas de « faillite » mais « défaut de paiement » - ce qui n'est finalement pas très éloigné. L'auteur ? Le nouveau premier ministre nippon Naoto Kan évoque l'éventualité pour son pays de ne pas honorer sa dette si les déficits publics ne sont pas maîtrisés. De deux choses l'une: Soit le nouveau numéro un de l'exécutif japonais entend jouer par avance les « fayots de service » en espérant être épargné le moment venu par les spéculateurs. Soit c'est un cousin très éloigné d'Angela Merkel qui veut absolument faire changer les mouches d'ânes en concentrant volontairement sur son économie ces mêmes spéculateurs pour qu'ils remettent manu militari le pays du soleil levant sur le chemin de la vertu budgétaire. Peine perdue. Personne n'est venu. Et pour cause, 93 % de la dette japonaise sont aux mains des institutionnels nippons. Bref, les charognards ne mangent pas de cette dette là. Preuve en est, ces mots n'ont même pas fait ciller les marchés. Le Nikkei 225 et le Yen sont restés d'un flegme surprenant. Chaque chose en son temps. Il se pourrait que l'on réserve le sushi pour le dessert.

latribune.fr

12 Juin 2010, 0:19

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