L'éditorial de Sophie Gherardi. Amérique, que fais-tu de ton école  ?

La gauche américaine soupçonne depuis le début Barack Obama de trop ménager Wall Street. Un autre reproche qu'elle lui fait concerne l'éducation. Il n'aurait tout simplement pas rompu avec l'idéologie de George Bush en la matière. Le « No Child Left Behind » (aucun enfant laissé-pour-compte), comme s'appelait le programme de l'administration précédente, reposait sur l'idée de la liberté de choix des parents. Pour qu'ils échappent au choix binaire entre l'école publique (souvent dégradée) et l'école privée (souvent très chère), on a encouragé la création d'écoles privées subventionnées (comme le privé sous contrat en France), appelées « Charter Schools ». Le secrétaire à l'Education d'Obama, Arne Duncan, a poursuivi avec enthousiasme dans cette direction. Toujours l'inégalitéLes parents sont censés s'impliquer davantage dans la communauté éducative que représentent ces « Charter Schools ». En contrepartie, les enseignants sont soumis à un contrôle tatillon : ils sont évalués par les élèves, et rémunérés en fonction de leur capacité à leur faire réussir leurs examens. Les écoles publiques, pendant ce temps, sont abandonnées aux familles les moins riches ou les moins intéressées par l'éducation, et le niveau baisse. La crise économique arrivant de surcroît n'a fait qu'aggraver les choses. La pauvreté des familles, d'abord, a fait un bond : on estime que 23 % des enfants vivent dans la pauvreté aujourd'hui contre 17 % en 2007. Et puis la dégradation des finances locales porte un coup terrible au système éducatif : entre 100.000 et 300.000 postes d'enseignants sont menacés. Si les Etats-Unis n'y prennent pas garde, ils risquent de préparer à leur jeunesse un avenir moins rayonnant. Le raisonnement, chacun l'aura compris, vaut pour chacun de nos pays en cette sortie de crise.
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