Le fabricant des Lada compte renouer avec les profits cette année

Avtovaz, le constructeur automobile russe connu pour sa marque Lada, compte renouer cette année avec les profits. Et ce, après un milliard de dollars de déficit l'an dernier (moins de 800 millions d'euros). "Notre objectif était de réaliser une marge opérationnelle positive cette année, avec une production de plus de 450.000 véhicules, contre 300.000 l'an dernier. En début d'année, ça semblait irréaliste. mais, aujourd'hui, nous pensons produire encore plus que prévu", expliquait vendredi à la presse Igor Komarov, patron du premier groupe automobile russe. Il accompagnait le Premier ministre Vladimir Poutine, en visite à Paris. Primes à la casseLe constructeur, dont Renault détient près du quart du capital, était pourtant près de la banqueroute l'an dernier. Mais, depuis, il bénéficie de la prime à la casse, qui vient d'être prorogée par Moscou pour un contingent de 200.000 véhicules de plus. Or, 80% des véhicules vendus avec des primes (1.500 euros) sont... des Lada. Grâce à ces aides, le marché russe a commencé à se reprendre en avril, après 17 mois consécutifs de baisse. En mai, il a progressé de 31 %. "Nous tablons sur un marché russe de 1,7 million d'unités en 2010, contre 1,4 million l'an passé", précise Christian Estève, directeur général de Renault en Russie. Dans ce contexte, Avtovaz a vu ses ventes bondir de 62% en mai et de 12% sur cinq mois, à 169.600 exemplaires.Quant à Renault, iInstallé à Moscou pour y produire la Logan et bientôt le 4x4 Duster, ses ventes ont progressé de 14% sur cinq mois en Russie, à 33.699 unités. Avtovaz détient 27,5% du marché local et Renault 5%. Le japonais Nissan - dont Renault détient 44% - est implanté, lui, à Saint-Pétersbourg. Il occupe à peine 2,8% du marché local. Les "trois constructeurs visent ensemble une part de marché de 40% en 2015", selon Christian Estève. Avtovaz ambitionne de produire à lui seul un million de véhicules d'ici à 2017.Reprise de detteSi le marché est redevenu porteur, Avtovaz bénéficie aussi de sa restructuration. Le groupe a signé en avril un protocole d'accord en vue de restructurer sa dette à hauteur de 50 milliards de roubles (moins de deux milliards d'euros environ). Concrètement, l'Etat russe a repris cette dette. Avtovaz ne payera pas d'intérêt et aucune échéance de remboursement contraignante n'a été fixée. Avtovaz a par ailleurs cédé le contrôle de ses créches, hôpitaux, stades - un legs de la période soviétique - aux pouvoirs publics. Le fabricant des Lada a aussi annoncé la disparition de 30.000 postes de travail. Et il pourrait encore supprimer 7.000 emplois d'ici à la fin 2011.Soutien de RenaultParallèlement, le groupe de Togliatti a bénéficié de l'aide de Renault. Fini les relations quelque peu orageuses de l'an dernier. Le gouvernement russe avait, à plusieurs reprises, exprimé le souhait de voir Renault augmenter sa participation dans Avtovaz. Ce que le groupe français s'était refusé de faire. "Nous avons le soutien de Renault pour renouveler la gamme, les process de production, la formation du personnel, les relations avec les fournisseurs", reconnaît Igor Komarov. "En mars 2012, arriveront un break et une fourgonnette (sur la base de la Logan)", poursuit le président. "Fin 2012, Togliatti produira un véhicule sur cette même base pour Nissan. Au 1er trimestre 2013, ce seront des véhicules pour Renault. En 2014, seront mis en production des nouveaux modèles Lada, sur des plates-formes de l'Alliance Renault-Nissan". Renouveau industrielL'usine de Togliatti est déjà en pleine mutation. Elle est en train d'installer une ligne de production moderne. Les travaux pour un nouvel atelier de peinture sont en cours. Par ailleurs, l'Alliance Renault-Nissan et le constructeur russe ont annoncé vendredi un "renforcement de leur coopération" dans les achats, avec la création d'une structure commune pour "augmenter le taux de localisation de leurs fournisseurs en Russie. En clair, Renault compte ainsi passer d'"un taux d'intégration locale de 40% à un taux de 75%", annonce Christian Estève. Une condition sine qua non pour être compétitif.Mauvaise imageAvtovaz est-il pour autant sorti d'affaire? Non. Car le constructeur pâtit encore d'une mauvaise image, dûe à la qualité de ses produits traditionnellement déplorable. Sa gamme - qui comprend encore un dérivé de la Fiat 124 de 1966 fabriqué à Togliatti depuis la fin des années soixante - reste peu attractive. Or, le renouvellement sera forcément lent et long. En outre, Avtovaz a vu ses marchés à l'export se rétrécir, pour les mêmes raisons. La firme, qui vendait hors de Russie 100.000 voitures il y a deux ans, n'en écoulera que 40.000 cette année, essentiellement dans les anciens pays de l'ex-URSS. Enfin, la restructuration industrielle n'en est qu'à ses débuts.
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