Président de BP, es-tu là ?

« Invité » à rencontrer Barack Obama la semaine prochaine, Carl-Henric Svanberg va-t-il enfin monter en première ligne pour défendre la compagnie qu'il préside ? Depuis le naufrage fin avril de la plate-forme de BP, le nouveau président du conseil d'administration de la major britannique, qui a pris ses fonctions il y a six mois, s'est fait remarquer par un effacement déconcertant. Certes, il s'est entretenu ce vendredi au téléphone avec le Premier ministre britannique David Cameron qui lui a rappelé l'importance de BP pour le pays. Et le groupe pétrolier assure que son président est impliqué, que sa discrétion est délibérée. Reste que les critiques fusent, de plus en plus marquées. Carl-Henric Svanberg, qui devrait être en train de suer sang et eau pour sauver ce qui peut l'être auprès de la classe politique à Washington et des actionnaires du groupe, a-t-il les épaules pour présider BP ?Improbable interview Tandis que son directeur général Tony Hayward s'active sur tous les fronts, concentrant sur lui l'essentiel de la colère populaire et politique américaine, Carl-Henric Svanberg ne s'est publiquement exprimé sur le sujet qu'un mois après l'accident. Et encore, en réservant sa première intervention non pas à un média international de référence - au hasard le Financial Times, le Wall Street Journal ou CNN ...- mais à E24, une publication Internet suédoise, son pays d'origine. Quelques jours plus tard, sa première interview dans le Financial Times apparaît bien peu saillante. « Nous faisons tout ce que nous pouvons, c'est un problème très complexe » ; « BP est une entreprise importante aux Etats-Unis » ; « Ce n'est pas la première fois que quelque chose se passe mal dans l'industrie » ; Tony Hayward fait « un super job ». Depuis ? Guère plus. Un scout qui ne connaît goutte au pétroleComme il l'a lui-même reconnu, Carl-Henric Svanberg aurait pu espérer un démarrage « plus doux » à la présidence de BP. Annoncée mi-2009 pour une prise de fonction effective au premier janvier, après une longue recherche, l'arrivée de Svanberg à la tête de BP est accueillie avec une surprise non feinte par la City. Car le Suédois de 58 ans ne connaît goutte au pétrole. Né au nord du pays, en Laponie, ce meneur d'hommes, dont les capacités de leadership remonteraient à son expérience de scout, s'est dans un premier temps illustré en transformant une entreprise suédoise de serrurerie en un groupe international grâce à une série d'acquisitions. En 2003, il rejoint l'équipementier en télécoms Ericsson, alors en pleine crise après l'explosion de la bulle Internet. Sans aucune expérience dans ce secteur, il y devient la coqueluche des milieux d'affaire en redressant l'entreprise. Carl-Henric Svanberg restructure et simplifie Ericsson, réduit les coûts, supprime des emplois, gagne la confiance des marchés et redonne son lustre au numéro un de la cote de Stockholm. Fuite huit fois plus élevéeAujourd'hui, la crise s'aggrave de jour en jour pour BP. L'estimation de l'ampleur de la fuite vient d'être à nouveau révisée à la hausse. Selon une équipe scientifique américaine, entre 20.000 et 40.000 barils de pétrole s'en échapperaient quotidiennement, bien loin des évaluations initiales du groupe, de 5.000 barils par jour. Les actionnaires, affolés par une eventuelle suppression de leur dividende trimestriel, désertent en masse le capital, entraînant une chute sans fin du titre. Cette semaine encore, alors que Tony Hayward a été publiquement pris à partie et humilié par Barack Obama, le président de BP est resté totalement muet. Mais où est donc Carl Henric Svanberg ?
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