Marée noire : BP change de méthode

C'est un mal pour un bien. Samedi, BP a retiré l'entonnoir qui récupérait depuis quelques semaines une partie du pétrole issu de son puits de Macondo dans le golfe du Mexique. Objectif : le remplacer par un système plus performant. Actuellement, le pétrolier britannique récupère environ 25.000 des 35.000 à 60.000 barils quotidiens que le puits libère en pleine mer depuis son accident fin avril. D'une très grande capacité (80.000 barils de brut), le nouvel entonnoir permettrait de recueillir la quasi-totalité de la fuite. Sans toutefois l'arrêter, a précisé BP. Le groupe est en train de forer des puits de dérivation. Il espère désormais les voir opérationnels entre le 20 et le 27 juillet, soit deux à trois semaines plus tôt que prévu. Le temps presse, car l'installation du nouvel entonnoir exigera quatre à sept jours de chantier. Et cette opération réalisée par des robots à 1.500 mètres de fond est très périlleuse. « Ce nouvel entonnoir n'a jamais été mis en place par ces profondeurs dans de telles conditions. Il n'y aucune garantie que [son] installation soit un succès ou que nous respections les délais », a, par précaution, expliqué BP, samedi, dans un communiqué. Scénario catastropheDepuis samedi, l'hémorragie a repris, sans aucun garde-fou. Plus de 700 km de côtes ont été souillées dans les cinq États américains bordant le golfe du Mexique, selon l'Administration américaine. Et, bientôt, la saison des ouragans risque de perturber encore les opérations. Or, des chercheurs de l'Université du Colorado estiment que la saison 2010 pourrait être plus dévastatrice qu'à l'accoutumée. La National Oceanic and Atmospheric Administration estime que, cet été, le Golfe du Mexique pourrait être balayé par 14 à 23 tempêtes, dont 8 à 14 vireraient à l'ouragan et 3 à 7 à l'ouragan majeur. D'après l'Université du Colorado, au moins un de ces ouragans majeurs pourrait toucher la Louisiane. Ce ­scénario-catastrophe a fait son oeuvre à la Maison Blanche. Washington a poussé BP à mettre en place ce nouveau système d'entonnoir, espérant qu'il résiste aux pires des conditions météos. Cette opération intervient après une tournée des dirigeants de BP à la recherche d'argent frais. Tony Hayward, directeur général, s'est notamment rendu à Abou Dhabi. Il y aurait fait chou blanc. « Abou Dhabi s'est montré réticent à l'idée d'investir dans BP », indique le bulletin du « Middle East Economic Survey » à paraître ce lundi. La presse britannique évoque, elle, un autre scénario. BP, qui doit constituer 15,8 milliards d'euros de réserves pour garantir les frais de nettoyage et de dédommagement des victimes de sa marée noire, serait entré en négociations avec le groupe pétrolier américain Apache pour lui céder 9,4 milliards d'euros d'actifs, notamment en Alaska, selon le « Sunday Times ». Là aussi, il y a urgence.
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