Rendre la sidérurgie moins gourmande en énergie

Il n'y aura pas à moyen terme une situation dans laquelle on aura besoin de moins d'acier. » C'est ce que rappellent Holger Rubel et Felix Schuler, du BCG, auteurs de l'étude « Sustainable steel industry ». La consommation de ce matériau devrait croître de 3 % à 5 % au niveau mondial, de 8 % à 10 % dans les grands pays émergents. La seule façon de restreindre son impact environnemental est d'en diminuer l'intensité énergétique, c'est-à-dire la quantité d'énergie nécessaire pour produire une tonne d'acier.La sidérurgie a déjà accompli de gros progrès et les industriels français ont réduit de 17 % les émissions de CO2 par tonne d'acier produite depuis 1990. Mais elle représente encore 3 % à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Indépendamment de toute vertu environnementale et du respect de règles toujours plus strictes, il apparaît imprudent d'occulter à moyen terme le coût du carbone. 30 % du coût Surtout, la sidérurgie a intérêt à réduire sa consommation d'énergie, qui représente 30 % de son coût de production, et à se prémunir du risque de volatilité de ce coût. L'efficacité énergétique est le principal levier de compétitivité, alors que, avec la crise, cette industrie pourrait être tentée de poursuivre des objectifs à court terme de réduction des coûts.« Nous avons dénombré une trentaine de mesures qui s'autofinancent dans un délai de cinq à sept ans », assure Holger Rubel. Les modes de production totalement nouveaux semblant assez lointains, il s'agit d'abord d'améliorer l'existant. Les performances énergétiques font le grand écart entre pays et même entre sites (notamment en Chine où le pire côtoie le meilleur). Selon le BCG, si 50 % à 70 % des sites adoptaient des bonnes pratiques (gestion automatisée des flux de matière et d'énergie, récupération et réutilisation de l'énergie dégagée lors de la production, etc.), la consommation d'énergie de l'industrie baisserait de 2 % à 3 %.Sur 24 gigawatts de puissance électrique installée, 12 le sont dans des centrales datant de plus de vingt ans, alors que les nouvelles installations à cycle combiné (50 % du parc en construction ou en projet) affichent une efficacité énergétique deux fois meilleure. Une modernisation du parc améliorerait donc fortement les performances. Autres pistes : des matières premières de meilleure qualité et l'utilisation de matière recyclée. Les aciéries fonctionnant avec de l'acier recyclé consomment en moyenne deux fois moins que les autres. L'acier se recycle indéfiniment. Mais si 90 % de l'acier est issu du recyclage dans les pays développés, cette part tombe à 30 % dans les pays émergents. Il est vrai qu'on observe aujourd'hui une pénurie de déchets d'acier. « Une grande partie de l'acier est utilisée dans des infrastructures en Chine et ailleurs et ne pourra donc être recyclée avant une vingtaine d'années, note Felix Schuler. On est encore loin du jour où le monde sera autosuffisant en acier grâce au recyclage. »Outre ce recyclage, la sidérurgie peut proposer ses déchets à d'autres acteurs, comme les cimentiers, qui, grâce à l'utilisation de laitiers de hauts-fourneaux, pourraient éviter l'émission de 200 millions de tonnes de CO2 par an, selon l'Agence internationale de l'énergie. Des éoliennes à la voiture électrique, l'acier est indispensable à la croissance verte. Il lui manque juste de moins émettre de CO2. n 90 % de l'acier est issu du recyclage dans les pays développés, cette part tombe à 30 % dans les pays émergents.
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