La spéculation sur le futur mécanisme de soutien de l'UE pousse l'Irlande et le Portugal dans leurs retranchements

Dans un contexte de spéculation sur l'avenir du plan de sauvetage de la zone euro, les obligations portugaises et irlandaises ont de nouveau enregistré une nette correction mercredi et jeudi. évoluant en sens inverse des prix, le taux à 10 ans portugais a atteint un nouveau plus-haut de treize ans de 7,25 %, portant à 175 points de base (soit 1,75 %) son envolée depuis la mi-octobre. Le taux à 10 ans irlandais a bondi jusqu'à 8,93 %, un record de quinze ans supérieur de 290 points de base à son niveau de la mi-octobre, quand les marchés se normalisaient.Ce regain d'inquiétude était perceptible depuis plusieurs semaines et motivé par les mauvaises nouvelles concernant le secteur bancaire irlandais, l'aggravation du déficit budgétaire 2009 et les problèmes de recouvrement fiscal de la Grèce, ainsi que les incertitudes sur le vote de l'austère budget 2011 du Portugal. Mais c'est surtout l'accord intervenu fin octobre lors du sommet de l'UE sur la création d'un mécanisme permanent de résolution des crises, destiné à prendre le relais du fonds de 440 milliards d'euros décidé en mai et expirant en 2013, qui a relancé la spéculation. Alors que les premières propositions devraient intervenir mi-décembre, l'idée prônée par Berlin de faire supporter une partie des coûts des sauvetages aux investisseurs les a poussés à réintégrer des primes de risque plus élevées.Les primes de risque exigées par rapport à l'Allemagne ont augmenté en novembre de 160 et 100 points de base pour les titres à 10 ans irlandais et portugais. Déjà nettement plus élevée, la prime sur la Grèce a rebondi de 80 points, tandis que celles sur l'Espagne et l'Italie ont grimpé de 40 et 25 points. La BCE intervientLe Portugal a concédé mercredi des taux de 6,15 % et 6,80 % pour placer 1,2 milliard d'euros de titres à 6 et 10 ans, contre 4,37 % et 6,24 % précédemment. Ces tensions ont conduit la BCE à relancer le programme lancé en mai dernier, en achetant 711 millions d'euros de titres d'état la semaine dernière, après trois semaines de pause.La situation est cependant moins tendue qu'en mai dernier, au plus fort de la crise grecque. Tout d'abord, l'Irlande dispose de liquidités pour tenir jusqu'en juillet prochain, tandis que le Portugal n'émettra d'ici à fin 2010 que des titres à court terme, plus faciles à placer. La Grèce se finance désormais à court terme tous les mois, et la Banque nationale de Grèce a réussi ce mardi à garantir une opération de refinancement sur le marché avec des titres grecs. Malgré les incertitudes entourant son avenir, le plan de sauvetage reste un filet de sécurité important pour éviter un défaut à court terme. Le vote final du budget portugais le 26 novembre et la présentation le 7 décembre du budget irlandais pour 2011 pourraient être l'occasion pour les investisseurs de revoir leurs craintes à la baisse. Julien Beauvieux
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