Défense

C'est la priorité et le défi d'EADS en ce début d'année, qui va conditionner tout 2010 et même au-delà. L'enjeu : terminer les négociations avec les états clients sur la répartition des surcoûts financiers de l'A400M. Et si possible par un succès. L'ardoise, d'environ 5,2 milliards d'euros, pourrait monter à plus de 11 milliards si on y ajoute les risques industriels (3 à 3,6 milliards) déjà identifiés par Airbus pour les années à venir. Clairement, le message de Séville, où les principaux responsables d'EADS et de sa filiale Airbus présentaient mardi leurs v?ux à la presse, est de sauver le soldat EADS d'une possible banqueroute due aux déboires de l'A400M, qui coûte aujourd'hui à Airbus entre 100 et 150 millions d'euros par mois. Soit une marge négative de l'ordre de 10 % pour les 180 premiers appareils, assure-t-on en interne. Si le programme, développement compris, avait été estimé à 19 milliards, il est désormais chiffré à 27 milliards d'euros.« EADS ne peut pas vivre avec cette incertitude, qui pèse sur son avenir, a tonné Louis Gallois. Nous ne pouvons pas aller au-delà de la fin du mois. » Le président du groupe regrette aussi la nouvelle dégradation du taux de la parité euro/dollar. « L'A400M, tel qu'il est aujourd'hui, risque de mettre en péril l'ensemble d'Airbus et je refuse de m'y engager », a renchéri le PDG d'Airbus. L'A400M peut-il faire tomber EADS alors que le groupe doit investir 13 milliards d'euros dans l'A350 ?partager le « fardeau »Une dramatisation qui arrive à un moment clé, les négociations devant en principe s'achever le 31 janvier. Mais non sans raison puisque, aujourd'hui, rien n'est encore gagné compte tenu des montants colossaux en jeu. Sans avoir le mandat d'EADS, Airbus, qui a déjà provisionné 2,4 milliards d'euros (dont une moitié environ a été consommée), veut partager le « fardeau » à parts égales (voir « La Tribune » du 17 décembre). Soit, sur 7,6 milliards de surcoûts environ, 3,8 milliards pour les états clients et le reste pour le groupe, pour qui le supplément serait alors de 1,4 milliard compte tenu des provisions déjà passées. Loin des 650 millions promis par Berlin via la presse, mais sur lesquels EADS dit n'avoir pas été informé officiellement. Le groupe est aussi prêt à prendre à sa charge les risques industriels.Sur le calendrier, c'est aussi le flou. Une réunion au niveau des secrétaires d'état et des directeurs généraux de l'armement est prévue le 14 janvier, mais EADS n'y est pas encore convié. Le groupe a déjà arraché un accord à la Grande-Bretagne, qui a accepté une hausse de 25 % du prix de l'appareil (il passerait de 105-110 millions d'euros à 140 millions). « C'est d'ailleurs notre demande à tous les états clients », précise-t-on chez EADS. La France avait aussi accepté une hausse, avant de s'aligner sur l'Allemagne, qui reste le problème numéro un et dont le secrétaire d'état, Rüdiger Wolf, n'aurait pas de mandat de négociation. Les autres pays (Espagne, Turquie, Belgique) devraient accepter de payer plus cher, assure-t-on chez EADS. Mais « les décisions peuvent se prendre en deux jours car nous avons neuf mois de travail derrière », a rappelé Louis Gallois.
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