Les majors pétrolières font le plein

Sans exception, les compagnies pétrolières ont toutes été touchées par la même pandémie l'an dernier, à savoir une anémie de leurs bénéfices. Les résultats délivrés ces derniers temps par les majors l'attestent. Si Exxon a vu les siens fondrent de 54 %, ceux de Total ont été amputés de 20 % et ceux de BP d'autant. A l'origine du mal, l'effondrement des activités de raffinage qui ont souffert l'an dernier de la faiblesse de la demande, consécutive au fort ralentissement économique notamment en Europe et aux Etats-Unis. L'occasion de prendre conscience que l'aval pétrolier n'était pas à l'abri des cycles conjoncturels et qu'il était de bon ton de se renforcer un peu plus dans l'amont. Une stratégie d'autant plus logique qu'elle répond parallèlement à l'éternelle problématique du renouvellement des réserves dans le secteur pétrolier.Champs pétrolifèresDans ce contexte, ce n'est pas un hasard si les majors se montrent de plus en plus offensives. Exxon Mobil avait ouvert la voie mi-décembre en rachetant pour 41 milliards de dollars XTO Energy (sa plus grosse OPA depuis Mobil il y a dix ans). Dans une moindre mesure mais dans le même sens, BP a mis, jeudi dernier, 7 milliards de dollars sur la table pour racheter certains actifs de Devon Energy, notamment des champs pétrolifères off-shore au Brésil. Royal Dutch Shell n'est pas en reste puisqu'il a lancé en début de semaine une offensive conjointe avec le géant chinois PetroChina pour mettre la main sur les actifs australien d'Arrow Energy dans les gaz non-conventionnels. Certains spécialistes estiment désormais que l'offre commune des deux majors pourrait être portée à 3,4 milliards de dollars contre les 3 milliards initialement proposés. Pléthore de liquiditésIl faut dire que les compagnies pétrolières ont les moyens. Outre la baisse de ses bénéfices, les résultats de Total ont été l'occasion de mettre en lumière son trésor de guerre puisque le géant français dispose d'une trésorerie de 11,6 milliards d'euros. Concernant BP, les analystes estimaient cette semaine que la compagnie britannique avait les moyens de financer son acquisition en "cash" ou en dette. Au choix. L'endettement du groupe ne représentait à la fin 2009 que 21 % de ses fonds propres et, compte tenu des cours actuels du pétrole, l'entreprise est capable de dégager d'importantes liquidités. Désormais à plus de 80 dollars le baril et alors que l'Agence Internationale de l'Energie s'attend à une reprise de la demande, les majors sont en meilleure posture pour passer à l'offensive et se renforcer dans l'amont.Multiples de 9Pour l'heure, ces opérations ne provoquent pas de vives réactions des marchés. Les cours de BP et de Shell n'ont que faiblement réagi en bourse cette semaine. Il faut dire que les offensives menées par Exxon et Royal Dutch Shell portent surtout sur des actifs gaziers. Or les prix du gaz se sont effondrés l'an dernier et ont encore atteint jeudi un plus bas de seize semaines aux Etats-Unis. Pas de quoi réjouir les investisseurs. Cela n'en demeure pas moins stratégiques à moyen terme pour les majors afin de sécuriser la croissance de demain. Une thématique d'autant plus intéressante en bourse que le secteur ne se paie pas très cher. A titre exemple, les majors européennes évoluent actuellement sur des multiples de 9 fois leurs résultats attendus sur 2010, selon le consensus Bloomberg.
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