Retraites : les syndicats craignent une réforme expéditive

Il faut aller vite. Voilà le message principal qu'a envoyé lundi le gouvernement aux partenaires sociaux... et à l'opinion publique. Recevant tour à tour chacune des huit organisations syndicales et patronales représentatives, le ministre du Travail Eric Woerth a dévoilé son calendrier pour la réforme des retraites : élaboration d'un « document d'orientation vers la mi-mai », puis d'un «projet plus détaill頻 vers la mi-juin (aux alentours du 20 juin), avant la rédaction d'un projet de loi qui serait examiné en Conseil des ministres «début juillet», et débattu au Parlement en septembre. Cette fois, le progamme de travail est donc calé. Parallèlement, le Conseil d'Orientation des Retraites (COR) dévoilera mercredi les nouvelles prévisions de déficit. «Le calendrier n'est pas trop court, il est temps de passer à l'action» a déclaré le ministre du Travail, à la presse.Les syndicats rechignent cependant à suivre un tel rythme. «C'est le début de la confrontation qui démarre», a ainsi tonné le leader de FO Jean-Claude Mailly. Ce dernier redoutant même que le gouvernement ne joue sur un effet «Coupe du monde de football, de la mi-juin à la mi-juillet, pour faire passer la pilule» (ce qui suppose néanmoins que l'équipe de France passe le premier tour...). Ce calendrier est «trop court pour aller au fond des sujets», a renchéri le secrétaire général de la CFDT François Chérèque. ConcessionAvec une concertation éclair, les syndicats redoutent que le gouvernement ne se contente d'une réforme expéditive, fondée sur les seuls paramètres liés à l'âge et à la durée de cotisation. «Il y a un sujet sur lequel le gouvernement n'est pas ouvert, c'est l'augmentation des prélèvements» a confirmé Eric Woerth, devant la presse. Seule concession: l'impôt retraite évoqué la semaine dernière par Nicolas Sarkozy. «Il peut y avoir ça ou là un certain nombre de points de recettes (...) puisque tel type de profession, semblerait comme ne contribuant pas suffisamment au système de solidarité».Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault suspecte en outre le gouvernement de vouloir mettre les syndicats devant «le fait accompli» et appelé à une mobilisation pour «un grand 1er mai». Favorable au report de l'âge légal de départ à la retraite de deux ou trois ans, la patronne du Medef Laurence Parisot a -elle- joué profil bas en jugeant «prématuré d'engager la réflexion avec simplement un débat sur les différents paramètres». Le gouvernement s'efforce d'afficher son ouverture. Des groupes de travail sur la pénibilité, l'emploi des seniors, les «mécanismes de solidarité» et le «pilotage du système» seront ainsi organisés avec les partenaires sociaux, et d'autres sur les fonctionnaires. Par ailleurs, dans un souci d'appaisement, le gouvernement a différé à la fin du mois la publication des sept hypothèses de réformes sur lesquelles a travaillé le COR. A ce stade, une seule chose semble acquise : le débat est lancé et tout le monde veut y participer. Les partenaires sociaux, bien sûr. Mais aussi les partis politiques. L'UMP rassemblera ainsi partenaires sociaux et experts à partir du 26 avril, avant une convention le 19 mai. Le PS planchera le 20 avril.
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