Grand emprunt : une stratégie de petits pas pour les universités

Soulagés mais pas plus avancés. A ce jour, alors que certains appels d'offres du grand emprunt sont quasiment finalisés, les présidents d'universités restent sur leurs gardes. Lors de leur colloque annuel, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pecresse, a décliné les règles des appels d'offres qui financeront campus, laboratoires et équipements d'excellence à hauteur de 10,7 milliards d'euros (sur un total de 19 milliards d'euros pour le supérieur et la recherche). Mais tout n'est pas encore clarifié.Privilégiant une stratégie de « briques », le gouvernement ne lancera pas en même temps tous les appels d'offres mais progressivement, suivant « une logique d'emboîtement » : « les briques les meilleures » seront d'abord financées, la forme de la future « maison campus d'excellence » étant arrêtée plus tard. Seront ainsi lancés en mai-juin les appels d'offres pour les équipements et les laboratoires d'excellence, les instituts hospitalo-universitaires (IHU) et de recherche technologique (IRT), puis les sociétés de valorisation. Ceux des campus d'excellence, « très ouverts sur le type de regroupement mais privilégiant l'existant », assure-t-on rue Descartes, n'interviendront que fin 2010. Mais une chose est sûre, aucun modèle de gouvernance ne sera finalement imposé.Ce discours, qui tranche avec celui de Nicolas Sarkozy en décembre dernier, apporte plus d'imprécisions que de précisions, analyse Bertrand Monthubert. Selon le secrétaire national du PS à l'Enseignement supérieur et à la recherche, se profile la volonté de l'Etat de ne « financer que certains secteurs les plus stratégiques », ce qui «va semer la zizanie » entre universités. La conférence des présidents d'université (CPU), qui a obtenu d'être consultée, réclame d'ailleurs un « plan d'ensemble » et « tous les appels d'offres tout de suite afin de savoir comment y répondre ». Car, ironise Jacques Fontanille, vice-président de la CPU, « assembler, sans plan, des briques, ça donne un tas ». Pas de cumulNombre de questions restent de fait en suspens. Outre le contour des campus d'excellence, leur articultation avec les pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), pas encore stabilisés, n'est pas claire. Un récent rapport de l'inspection générale préconise d'ailleurs de les faire évoluer. Enfin, les financements du grand emprunt ne se cumuleront pas. Les prétendants aux appels d'offres devront donc savamment doser leurs multiples candidatures afin de multiplier les chances pour l'un ou l'autre des appels d'offres. Un pari concurrentiel largement assumé par le ministère.
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