L'Inde pousse les privatisations

RéformesCap sur la modernisation financière : le Premier ministre, Manmohan Singh, a annoncé une accélération des réformes lors du World Economic Forum qui s'est tenu en début de semaine à New Delhi. Énumérant les efforts que l'Inde doit accomplir en matière d'infrastructures, de santé et d'éducation, le chef du gouvernement a lancé aux patrons étrangers présents dans la salle que leur participation serait « bienvenue ». Pour faciliter celle-ci et pour permettre au système financier indien de contribuer au développement du pays, des réformes seront engagées dans des domaines comme les marchés obligataires, les assurances et les fonds de pension, les marchés à terme, etc.Première étape concrète : l'accélération voici quelques jours de la privatisation de l'immense secteur public. Toutes les entreprises publiques devront désormais avoir au moins 10 % de leur capital en Bourse. Seule condition : qu'elles soient bénéficiaires depuis trois ans et aient une valeur nette positive, ce qui exclut les canards boiteux. La moitié de la bonne centaine d'entreprises publiques pas encore cotées pourrait être concernée, avec des groupes de premier plan comme l'opérateur de télécoms BSNL. Simultanément, les entreprises publiques déjà cotées, mais avec moins de 10 % de leur capital sur le marché, devront s'aligner sur ce seuil minimum.vitesse supérieureLe gouvernement veut ainsi passer à la vitesse supérieure après la cession à la fin de l'été de parts du groupe hydroélectrique NHPC et du groupe pétrolier Oil India, pour environ 1,8 milliard de dollars. Car l'État a besoin d'argent : un déficit de 6,8 % du PIB est prévu pour le gouvernement central pour l'exercice à fin mars 2010, plus de 10 % avec les États fédérés. Mais privatisations et modernisation financière passent mal. Si Manmohan Singh et son entourage sont convaincus des bienfaits d'une libéralisation, il n'en va pas de même d'un bon fragment du parti du Congrès, beaucoup plus conservateur, et encore moins de ses alliés au sein de la coalition gouvernementale. Le gouvernement s'est d'ailleurs engagé à garder au moins 51 % du capital dans toutes les entreprises publiques.Il a aussi annoncé que les fonds levés grâce à ces privatisations serviront à financer les programmes sociaux. Il s'agit là d'une entorse à la règle qui veut que les recettes de privatisation aillent dans un fonds dont les seuls revenus servent aux dépenses sociales. Mais en liant ventes d'actions d'entreprises publiques et financements sociaux, les pouvoirs publics espèrent faire mieux accepter leur projet.Patrick de Jacquelot, à New Delhi
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