Un nouvel ADN pour Photomaton

Le groupe britannique Photo-Me, numéro 1 mondial de la distribution automatique de photos d'identité et de tirages numériques (240 millions de livres sterling de chiffre d'affaires ; 1700 salariés) et sa filiale française Photomaton (dont le siège est à La Plaine Saint Denis et qui réalise 80 millions d'euros de chiffre d'affaires avec ses 350 salariés) sont sur le point de tester à Londres et à Paris des cabines « ADN ». Objectif : répondre à l'engouement des populations pour la connaissance de leurs origines en fournissant pour un prix modique - 50 euros - des renseignements sur les racines de leur branche paternelle et maternelle. Trois cabines « test » vont être installées d'ici la fin du mois de janvier 2013 : deux à Londres et une à Paris. Ces machines distribueront en libre-service des bâtonnets codés contenant des tubes destinés à recevoir des échantillons de salive. Le métier du spécialiste de la photo s'arrêtera à la distribution du bâtonnet. Le process d'analyse de la salive et l'établissement du profil génétique des personnes sera externalisé. Les clients recevront le résultat par courrier ou par mail. Concrètement, vous saurez à quel sous groupe vous appartenez ; vous apprendrez par exemple que vos racines, côté paternel, viennent d'Asie du sud-Est et que du côté maternel, vous avez des ancêtres chez les Inuits. « Nous sommes prudents et nous allons tester ces machines pour voir si elles suscitent de l'intérêt ; mais nous sommes assez confiants car nous nous situons dans la même logique que la généalogie qui passionne les gens » a expliqué à La Tribune Eric Mergui, responsable Europe de Photo-Me et Pdg de la filiale française Photomaton.Laveries, réverbères photovoltaiques... et cabines Photomaton dessinées par Philippe Stark Cette « cabine ADN » bientôt en phase de test est l'une des pistes de diversification du groupe qui, en France, réalise près de 40 % de son chiffre d'affaires en dehors de l'activité photographique. Après avoir mis en place une activité de « petits manèges » dans les centres commerciaux, il vient d'investir le marché des laveries automatiques sur les parkings de supermarchés. « Nous allons accélérer notre développement avec une nouvelle laverie très design dessinée par Philippe Stark » confie Eric Mergui. « Nous avons installé 150 laveries automatiques en France. Nous allons développer le concept en Europe puis ailleurs dans le monde ». Avec des tests dans chaque pays. « En Belgique, cela marche très bien ! » 2013 verra aussi le lancement de réverbères photovoltaiques. « Nous avons eu nos premières commandes au salon de Dubai et nous avons des contacts avancés avec des communes françaises et la grande distribution ». Quel est le dénominateur commun de toutes ces activités et des cabines « photo » en libre service ? Ce sont les mêmes clients : communes et grande distribution. Ce n'est pas tout. Ce sont les mêmes techniciens qui entretiennent les cabines « photos », les bornes de développement photo en libre-service, les laveries et les lampadaires solaires. Cette stratégie permet au groupe de développer son chiffre d'affaires dans des métiers connexes sans accroître ses coûts. « Pour la maintenance, nous avons fait le choix d'avoir nos propres équipes de techniciens pour des raisons d'efficacité et de flexibilité » explique Eric Mergui.« La France est à la pointe dans le groupe. Tous nos produits sont conçus à Grenoble» L'intégration ne s'arrête pas aux techniciens. L'organisation industrielle de Photo-Me - côté à la Bourse de Londres - est complètement intégrée. Le groupe conçoit (à Grenoble, son centre de recherche) une grande partie des machines qu'il exploite. « Tous nos produits sont conçus et réalisés à Grenoble. La France est à la pointe dans le groupe » explique Eric Mergui. Voilà qui fera plaisir au ministre du redressement productif ! Les machines sont fabriquées par KIS, filiale du groupe qui équipe aussi d'autres grands groupes de la photographie. Mais que l'on ne s'y trompe pas ! S'il met l'accélérateur sur la diversification hors photo, le groupe Photo-Me n'entend pas se contenter de ses 25.000 cabines et bornes installées dans le monde. Toujours présent dans l'univers de la photo - après la disparition des Agfa, Gretag et autres Polaroid, sans parler des difficultés de Kodak - Photo-Me va intensifier sa présence à l'international. Après avoir commencé à se déployer en Chine et en Allemagne, Photo-Me veut s'intéresser à la Pologne, l'Ukraine, la Turquie et l'Indonésie. Avec une offre « photo » qui s'est elle aussi diversifiée. A côté des cabines « Photomaton » redessinées par Philippe Stark, le groupe a lancé il y a six ans les bornes de développement de photo numériques et en 2011 les machines permettant d'imprimer en 3 minutes un album photo à partir d'une carte mémoire.Pas de « stations » photo dans les mairies françaises pour le passeport biométrique européen Preuve que la photo reste son ADN, Photomaton est partenaire de l'exposition « Photo d'identité, nouveaux usages, nouveaux enjeux » qui ouvre le 11 janvier à l'hôtel de ville de Compiègne (Oise). Cette exposition qui vise notamment à alerter l'opinion sur l'image en général et l'usage de la photo sur Internet est organisée par l'association Freedom & Rights of Image Identity (FRII) présidée par Eric Mergui. « Le but est d'expliquer ce qu'est le passeport biométrique et de sensibiliser le public aux dangers de l'utilisation de photos sur internet et aux risques de manipulation qui existent », indique ce dernier. Comme tous les industriels et professionnels de la photo, le patron de Photomaton a poussé un « ouf » de soulagement lorsque le Ministère de l'intérieur a renoncé - début 2012 - à son projet d'équiper les mairies de stations « photos » dans le cadre des stations biométriques liées à la mise en place du passeport biométrique européen. 1000 maires s'étaient, en plus des professionnels du secteur, opposés à la mise en place de cette activité photographique dans les mairies, dont Philippe Marini, sénateur-maire UMP de Compiègne. La fronde des élus français a fait tâche d'huile, la Belgique ayant interdit les photos d'identité dans ses « maisons communales ». L'expo de FRII sera présentée dans une quinzaine d'autres villes de l'Hexagone. 
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