Retraites  : jusqu'à 115 milliards de déficit à l'horizon 2050

Comme l'avait révélé François Fillon, qui a bien l'intention d'investir le dossier, le déficit du système français de retraite atteindrait 100 milliards d'euros par an (euros de 2008), à l'échéance 2050, si rien n'était entrepris pour le réformer (102,6 milliards, exactement). Tel est le chiffre central du rapport du Conseil d'orientation des retraites, débattu et officiellement rendu public ce mercredi, qui a pour but d'actualiser les prévisions établies en 2007. Cette évaluation choc de 100 milliards peut même être jugée optimiste, étant fondée sur une hypothèse de plein emploi (taux de chômage de 4,5%). Avec un chômage un peu supérieur (7%), le déficit atteindrait 115 milliards, ont calculé les experts.Faisant chuter l'emploi, et donc amputant les rentrées de cotisations sociales, la récession de 2008-2009 a joué un rôle majeur dans la dégradation de la situation financière des retraites. Voilà à peine trois ans, le COR prévoyait un déficit représentant 0,7 point de PIB pour 2015 (15,1 milliards d'euros). Ce besoin de financement prévisionnel a plus que doublé, une fois la crise passée par là: il atteindrait 1,9% du PIB, soit 39,4 milliards d'euros en 2015, selon le scénario central du COR.Le Conseil a établi trois scenarii (jugés trop optimistes par le Medef, voir ci contre): le premier, le plus optimiste, table sur un «taux de chômage de long terme» très faible, évalué à 4,5%. Il s'accompagne d'une hypothèse de forts gains de productivité (+1,8% l'an), gage de hausses salariales conséquentes, et donc de recettes supplémentaires. Selon ce scénario, le déficit atteindrait tout de même 71,6 milliards d'euros en 2050 (1,7% du PIB). Le scénario central repose sur la même hypothèse de chômage très faible, mais retient des gains de productivité plus réalistes (1,5% l'an), pour aboutir aux 100 milliards évoqués par le chef du gouvernement (2,6% du PIB). Le déficit du régime général (Cnav) atteindrait alors, à lui seul 64,4 milliards d'euros. Celui de la fonction publique -pour le seul Etat- serait de 25,2 milliards, et il atteindrait 13,6 milliards pour la CNRACL (retraite des agents des collectivités locales et hôpitaux). Enfin, le dernier scénario, fait donc l'hypothèse d'un chômage de 7%, qui aboutirait à 115 milliards de déficit (3% de la richesse nationale).Outre l'évaluation de l'ampleur du gouffre financier qui menace les régimes de retraite, le COR se livre au chiffrage des efforts à fournir pour revenir à l'équlilibre. Les résultats sont impressionnants. Dans l'hypothèse, défendue par certains syndicats, où la seule hausse des cotisations serait mise en oeuvre - ce que l'exécutif exclut totalement- il faudrait relever celles-ci de 5,2 points en 2020, et de près de 10 points en 2050... Faire baisser les pensions versées, hypothèse également exclue dès le début de l'année par Nicolas Sarkozy, reviendrait, si c'était le seul levier utilisé, à les réduire de 22% (par rapport au revenu d'activité), dès 2020. Et de 36% à l'horizon 2050...Enfin, la piste privilégiée par le gouvernement, à savoir le recul de l'âge de départ en retraite, permet de ramener le déficit à zéro... mais au prix, si elle est la seule suivie, d'un report très rapide et difficilement soutenable, de cet âge. Par rapport à la situation de 2008, l'âge effectif de moyen de départ en retraite devrait être repoussé de cinq ans dès 2020. Il devrait alors atteindre 65,6 ans. Il serait ensuite repoussé encore, de 7,5 annnées, pour atteindre 68,1 ans en 2030, et de 10 ans à l'échéance 2050. L'âge moyen de passage à la retraite devrait alors atteindre 70,6 ans. On voit mal l'exécutif afficher une telle perspective. Du reste, la réforme devrait viser l'échéance de 2030...
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