La Grèce emprunte sans peine, mais cher

11 milliards d'ici fin mai puis 20 milliards d'ici la fin de l'année devront encore être levés par la Grèce.Le plan d'aide européen à la Grèce a « désamorc頻 la crise et devrait empêcher qu'Athènes devienne la cible des spéculateurs, affirmait mardi le président de la banque centrale autrichienne, Ewald Nowotny, également membre du conseil des gouverneurs de la BCE. La mise à disposition de 30 milliards d'euros de prêts, décidée le week-end dernier par les pays de la zone euro, auquel s'ajouteraient 15 milliards d'euros du Fonds monétaire international, doit permettre « d'aider la Grèce à s'aider », a estimé le banquier central. C'est un signe qui ne trompe pas : en dépit du baiser de Judas de l'agence Fitch, qui vendredi en fin de séance a abaissé de deux crans à BBB- la note souveraine de la Grèce, l'assortissant d'une perspective négative, Athènes a opéré avec succès mardi son retour sur les marchés après la concrétisation de ce plan. La Grèce a émis des bons du Trésor à six mois et un à an pour un montant de 1,56 milliard d'euros, nettement plus que les 1,2 milliard d'euros initialement envisagés, en raison d'une très forte demande de la part des investisseurs, la première tranche ayant été 7,67 fois sursouscrite et la seconde 6,54 fois. L'émission a permis de placer 780 millions d'euros de bons à 26 semaines à un taux de 4,55 % et 780 millions d'euros de bons à 52 semaines à un taux de 4,85 %. A titre de comparaison, lors de se dernière émission en janvier, le rendement était ressorti à 1,38 % pour les titres à six mois et 2,2 % pour ceux à un an. La Grèce parvient à se procurer des ressources sur le marché pour faire face à ses échéances mais c'est chèrement payé. Même comparé aux conditions de financement peu avantageuses proposées par l'Union européenne, dont les prêts jusqu'à trois ans auraient été consentis hier au taux de 4,14 % (soit le taux de l'Euribor trois mois négocié de 0,64 %, majoré de 300 points de base, plus 50 points supplémentaires pour les frais opérationnels). On comprend que par fierté nationale la Grèce préfère, pour l'instant, solliciter le marché plutôt que de puiser dans le dispositif. Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou a assuré que la Grèce était en mesure de se financer seule, écartant tout recours au plan. Reste à savoir si l'effet de l'opération de déminage sera durable. D'ici à fin mai, la Grèce devra encore lever 11,6 milliards d'euros pour couvrir les échéances de sa dette arrivant à maturité, puis encore 20 milliards d'ici à la fin de l'année. Il y aura deux indicateurs clé à surveiller : l'évolution de l'euro, devenu le baromètre de la défiance, qui était neutre hier, oscillant autour de 1,36 dollar. Et le différentiel de taux longs entre l'Allemagne et la Grèce, qui mesure le degré d'aversion envers le premier et le dernier de la classe européenne. Au plus fort de la crise l'écart de rendements à dix ans avait atteint le record absolu de 426 points de base le 8 avril. Il était retombé lundi à 348 points, pour remonter mardi à 361.
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