« Télérama » prêt à quitter le giron du « Monde »

Télérama » se rebelle. Tombé dans l'escarcelle du groupe Le Monde en 2003, l'hebdomadaire culturel et d'actualité suit de près la recapitalisation du groupe de presse et sa probable prise de contrôle par l'espagnol Prisa (voir « La Tribune » du 12 avril). Mais de nombreuses inconnues demeurant, pas question pour « Télérama », en cas d'échec de l'opération, de subir les conséquences d'un dépôt de bilan du « Monde ». Les salariés travaillent depuis maintenant dix mois à l'élaboration d'un schéma de rachat de leur titre. En juin 2009, ils ont confié un mandat à Athema, une boutique spécialisée dans les fusions et acquisitions, afin qu'elle valorise d'une part le magazine et qu'il constitue, d'autre part, un tour de table dans lequel prendraient part les salariés de « Télérama » de façon minoritaire. « Télérama » et « La Vie », qui sont les seuls survivants du groupe Publication de la Vie Catholique (PVC) que Le Monde a racheté il y sept ans, détiennent 13 % du holding Le Monde Partenaires et Associés (LMPA). L'idée est de rapatrier au tour de table les actions détenues par les salariés de « Télérama ». Les investisseurs extérieurs sont trouvés, et si besoin, l'opération peut être bouclée « en quelques semaines », assure un proche du dossier.537.000 abonnésSi les journalistes reconnaissent que « Le Monde » a respecté son engagement de ne jamais intervenir sur le contenu éditorial de leur magazine, cela fait des années qu'ils lui reprochent d'avoir vidé les caisses du journal. « On a eu de cesse de nous demander de faire des économies, notre siège, un hôtel particulier dans le huitième arrondissement à été vendu, toute la trésorerie de « Télérama » a été remontée au niveau du « Monde », dénonce un salarié qui ajoute que si demain « Télérama » était vendu, « Le Monde » lui serait redevable de quelque 37 millions d'euros de créance.Les dirigeants du quotidien martèlent que l'hebdomadaire n'est pas en vente. D'autant que malgré la crise, « Télérama » reste une pépite. Ce n'est pas un hasard si l'emprunt de 25 millions d'euros contracté auprès de BNP Paribas par « Le Monde » a été gagé sur « Télérama »... La force du journal, dont les ventes dépassent les 630.000 exemplaires chaque semaine, est d'être peu dépendant du marché publicitaire qui a connu en 2009 une des pires années de son histoire. Seulement un quart de son chiffre d'affaires (près de 90 millions d'euros prévu en 2009) provient de la publicité, ce qui est très peu pour un magazine. Pour le reste, le titre peut compter sur ses 537.000 fidèles abonnés et une politique de diversification (hors série, DVD... ou plus récemment des polars) bien rodée.En attendant le verdict de la recapitalisation du Monde SA, les salariés de « Télérama », qui ne sont pas hostiles sur le papier à une solution Prisa, rappellent qu'ils ont un droit de veto en cas de vente de leur titre et qu'« il est hors de question d'y renoncer ».
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