Paul Raynault, un coiffeur atypique en Égypte

Au Caire, La Villa n° 36 est un univers à part. Pour y entrer, vous poussez d'abord un lourd portail de fer puis devez traverser une épaisse barrière de verdure. Quelques pas plus loin, vous apercevez la silhouette rose éclatant d'un palais vieillissant. Puis vous grimpez un large escalier tout en marbre et en ferronnerie. Au premier étage, vous êtes chez Paul. On vous y accueille avec douceur en arabe, en français et en anglais, jus de citron ou thé vert sur un plateau. Le regard clair et enfantin, Paul Raynault se définit comme atypique. Plus attaché à l'aspect humain que financier, il n'est pas d'accord avec ceux qui résument la coiffure à un chiffre d'affaires : « On se fait coiffer parce qu'on sort, parce qu'on a envie de se valoriser, parce qu'on cherche un job... Toutes sortes d'événements justifient l'appel à la beauté. »Cette philosophie colle tout à fait avec les habitudes de sa clientèle. « Le cheveu, pour la femme orientale, c'est omniprésent dans sa vie. C'est une occupation journalière », insiste-t-il.Paul a donné ses premiers coups de ciseaux en terre égyptienne il y a douze ans. Ce coiffeur de 45 ans travaillait alors sous l'enseigne de Jacques Dessange, dont il a implanté trois salons au Caire. Deux dans le quartier huppé et occidentalisé d'Héliopolis, un à Mohandessin, lieu de prédilection des Saoudiens de passage au Caire. « À cette époque, la coiffure était bien différente de ce qu'elle est aujourd'hui. Le travail était moins professionnel, les couleurs moins naturelles. Toutes les femmes égyptiennes étaient accros au fer à cheveux, que l'on chauffe à la flamme. On était très éloigné des techniques européennes », se souvient le coiffeur. Beauté et détenteAu fil des années, Paul se fait connaître auprès d'une clientèle cosmopolite et de l'élite égyptienne. Il ouvre alors son propre salon, La Villa, dans le quartier central de Dokki. Coiffure, manucure, pédicure, massages... L'endroit est dédié à la beauté et à la détente. Mais c'est surtout un lieu qui se veut affranchi des pressions imposées par la société égyptienne. « Il n'y a pas de critères de religion ou de hiérarchie sociale. J'apprends à mes employés à respecter la clientèle. À l'inverse, il n'y a pas non plus de ?Madame?. Tout le monde est sur un pied d'égalité. Chacun doit être accepté dans sa singularité », assure le propriétaire du salon, avant d'ajouter : « Si un homme veut se faire manucurer, personne ne le regardera de travers. » Dans les grandes pièces lumineuses du salon, le ballet incessant des coiffeurs et des esthéticiennes, tous vêtus de tuniques blanches, continue dans le vrombissement des sèche-cheveux et des ciseaux qui claquent. Les clients s'abandonnent à leurs mains expertes. Paul n'espère qu'une chose : voir un jour ses collaborateurs ouvrir leur propre établissement et adopter les valeurs qui sont défendues à La Villa.
Commentaire 1
à écrit le 16/11/2013 à 2:49
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L endroit est sublime.

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