« Plus de valeur dans les livres que sur le Web »

david drummond, directeur du développement et des Affaires Juridiques de googlePourquoi éditeurs et auteurs se dressent-il contre votre projet de numérisation à grande échelle ?Nous pensions que notre projet restait dans le cadre d'un usage honnête (« fair use » en droit américain), en scannant des livres, puis en les indexant comme nous le faisons pour n'importe quelle page du Web, et en permettant aux internautes de les trouver grâce à notre moteur de recherche. Notre service ne montre que quelques extraits du livre, et permet même de dire où l'internaute peut l'acheter, sur Amazon ou chez un libraire. Nous faisions connaître des livres. Nous avons compris qu'il fallait négocier avec les éditeurs et les auteurs : cela nous a amenés à ce règlement qui va finalement bien au-delà que ce que nous avions prévu. L'internaute aura désormais la possibilité d'acheter la totalité du livre numérique. De plus, la totalité de notre base de données pourra être accessible à des institutions, des universités ou des bibliothèques dans le cadre d'accords de licence. Tout cela crée un nouveau marché. Et dans tous les cas, les auteurs ou les éditeurs qui le souhaitent peuvent retirer leurs livres de notre base de données. Notre espoir était de pouvoir répliquer ce type d'accord dans tous les pays. Mais cela va devoir se faire de façon différente. Nous espérons pouvoir nous entendre avec les sociétés de collecte de droits d'auteur pour arriver à un programme de numérisation similaire à ce que nous avons fait aux États-Unis.Qu'allez-vous dire aux auteurs et éditeurs à Francfort ?Nous voulons leur expliquer l'accord et voir comment on peut aller plus loin. Plutôt que de passer notre temps à parler des livres européens qui ont été numérisés dans les bibliothèques américaines, on devrait parler des livres européens qui sont dans les bibliothèques européennes, afin que les Européens puissent y avoir accès. Il y a des livres orphelins (dont on n'a pas retrouvé les auteurs et les ayants droit), des livres épuisés, ici que les gens ne peuvent pas voir. On espère qu'on pourra dépasser le débat sur l'accord en cours. Il représente un enjeu limité pour l'Europe à côté de celui d'élargir l'accès aux livres.Où en sont vos discussions avec la Bibliothèque nationale de France ?Il y a eu des discussions pour les aider à numériser les collections. Nous comprenons que les lois sur les droits d'auteur sont différentes en France et aux États-Unis. Nous aimerions travailler avec la BNF pour numériser les ouvrages du domaine public et rendre disponible un corpus élargi de textes de culture française sur Internet. Ce qui serait très positif. Nous discutons avec de nombreuses bibliothèques partout dans le monde. La BNF comme d'autres.Vous allez bientôt vendre des livres numériques. Imposerez-vous un prix aux éditeurs ?Non, il sera déterminé par les détenteurs de droits. Et s'ils veulent que Google fixe le prix, on le fera au moyen d'un algorithme que l'on va développer et qui tiendra compte du type de livre, du marché?Google Books, ce sont plusieurs millions de dollars investis, des ennuis juridiques et aucun revenu. Pourquoi persévérer ?Rappelez-vous la mission de Google : organiser l'information du monde et la rendre universellement accessible et utile. Et dans le monde de l'information, il y a beaucoup plus de valeur dans les livres que sur le Web. Donc pour remplir notre mission, il est indispensable de trouver le moyen de rendre disponibles les contenus qui existent en dehors de la Toile. Pour avoir un moteur de recherche exhaustif, où les gens peuvent découvrir des choses nouvelles, donner accès aux livres est très important, en dehors du fait que nous les vendions ou pas. Les livres sont importants pour Google philosophiquement et stratégiquement.Quelles perspectives voyez-vous pour le marché du livre électronique ?Il semble qu'on commence à atteindre une masse critique. Les « readers » (lecteurs de livre électronique) se démocratisent. Mais le livre numérique ne remplacera jamais le livre papier. Je ne peux pas imaginer ne plus en lire sous cette forme. Propos recueillis par S. b., J.-B. J. et I. r.
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