Le système de batteries amovibles Better Place lâché par Renault

Levées de fonds records, expérimentations internationales et surtout buzz sensationnel, l’histoire de Better Place affichait, il y a encore quelques mois, toutes les apparences d’une success-story à la mode cleantech. « Affichait » car depuis l’automne, l’entreprise californienne accumule les déconvenues. Ainsi, après l’éviction de son charismatique fondateur Shaï Agassi, la start-up est désormais lâchée par son partenaire historique : Renault.La fin d’un partenariat fondateur pour Better PlaceDans un article daté de lundi dernier, l’Avem (Association pour l’Avenir du Véhicule Electrique Méditerranéen) revient ainsi sur les récents propos de Carlos Ghosn – PDG de Renault – dans la publication danoise Energi Watch. « Quand vous observez les tendances globales, nous devons conclure que les batteries interchangeables ne sont plus la principale orientation pour les véhicules électriques. La tendance et la demande vont vers des batteries standards intégrées à plat sous le châssis ».Cette décision du constructeur français s’expliquerait notamment par les résultats très décevants de son partenariat avec Better Place en Israël. Une coopération qui repose sur la commercialisation d’un véhicule – Fluence Z.E - spécialement adaptée à accueillir des batteries amovibles Better Place. La start-up commercialisant pour sa part des forfaits kilométriques donnant accès à ses stations d’échange et de recharge de batteries. A noter que malgré la suspension de ses investissements sur cette technologie (annoncée comme provisoire), Renault devrait poursuivre la commercialisation de sa Fluence Z.E dans les pays d’implantation de Better Place. Soit principalement en Israël et au Danemark (18 stations).Vers un été meurtrier ?Sans nouveaux développements de véhicules à l’horizon, Better Place risque d’avoir du mal à se sortir de cette mauvaise passe. L’espoir de ses dirigeants repose désormais sur des projets de développement en Chine. Et notamment la mise en place d’un démonstrateur dans la ville de Guangzhou. Un autre scénario de rebond serait d’envisager une mutation du modèle économique de Better Place vers la location de batteries électriques « classiques ».En attendant, le temps joue contre la start-up. Selon le journal israélien Globes - cité par le site Triplepundit – la survie de Better Place n’est pour l’instant assurée que jusqu’en août 2013. Pour espérer prolonger son histoire, la société devra trouver chaque année 120 millions de dollars annuels. Pas sûr que l’annonce fracassante de Carlos Ghosn n’incite le principal actionnaire de Better Place (Israël Corp) à investir de nouveau. Depuis 2007, ce fonds aurait déjà versé quelques 300 millions de dollars à la start-up.----------Trois questions à…Joseph Beretta, Président de l’Avere FrancePourquoi Renault lâche l’éponge ?L’Avere n’a pas à commenter les décisions de tel ou tel constructeur. Surtout que concernant Better Place, il s’agirait d’une mesure provisoire de Renault. On peut néanmoins rappeler que le constructeur n’avait adapté qu’un seul de ses véhicules électriques au système Better Place. La Zoé - modèle phare de sa gamme électrique – ne propose ainsi pas l’échange de batteries.Comment expliquer les difficultés commerciales de Better Place ?La promesse du système de l’échange de batteries c’est d’offrir au véhicule électrique des performances proches de celles d’un véhicule thermique. C’est-à-dire garantir une autonomie équivalente contre un temps de recharge comparable à celui d’un plein d’essence. Il y a néanmoins encore plusieurs freins à la large diffusion de ce modèle. Le principal est celui de la standardisation. Pour s’imposer, ce système doit pouvoir s’appuyer sur des batteries standardisées. C’est loin d’être le cas et l’exemple de la lente standardisation de la prise européenne montre que ce processus peut être très long. Au final, les technologies actuelles des batteries - 100km au mieux sur autoroute - ne permettent pas d’atteindre les performances d’un véhicule thermique malgré le service proposé par Better Place.Les fondateurs de Better Place se sont-ils lancés trop tôt ?Lors du lancement de Better Place, beaucoup de professionnels jugeaient que l’échange de batteries avait du potentiel mais reposait sur des technologies pas assez matures. Ce système pourra peut-être avoir de nouveau sa chance d’ici quelques années, une fois que les batteries se seront améliorées. Cela dit, il sera toujours concurrencé par la charge rapide pour les trajets urbains et par l’hybride pour les distances plus longues.
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