Le dollar dans le tonneau des Danaïdes

Inlassablement, on ne peut qu'égrener la même litanie : le dollar continue à s'enliser. Son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis est tombé jeudi à son plus bas niveau depuis dix mois. Mais on peut aussi personnaliser : le billet vert a rechuté à son plus faible cours depuis février face à l'euro, un moment propulsé au dessus de 1,41, avec une incursion jusqu'à 1,4120. Le dollar s'est également affaissé jusqu'à un nouveau plancher de quinze ans vis-à-vis du yen, qui pour la première fois depuis avril 1995 a refranchi le seuil de 81, pour monter jusqu'à 80,90. Le record historique de vigueur de la monnaie du pays du soleil levant, enfoncé à l'époque à 79,75 pour un dollar, devrait être franchi dans une poignée de jours. Enfin - et la liste est loin d'être exhaustive - la monnaie américaine a pulvérisé un nouveau record de faiblesse face au franc suisse, pour ne plus valoir, au plus bas dans les transactions, que 0,9465. Plus puissante que jamais, la corrélation inverse a joué à plein : l'or s'est retrouvé propulsé au dessus de 1.380 dollars l'once pour la première fois dans l'histoire, se hissant jusqu'à 1.388,10 sur le Comex, le marché à terme new-yorkais. contrer la lame de fondLa crise actuelle a restauré à l'or son rôle d'actif monétaire à part entière. Les accords de la Jamaïque de 1976 censés démonétiser le métal jaune ne sont plus que le souvenir suranné d'un lointain passé. La Banque centrale européenne assiste impuissante à la montée ininterrompue de sa monnaie, qui affiche un regain de vigueur de 12 % depuis début septembre et de 19 % depuis son point bas de l'année atteint fin juin. Le grand écart qui se dessine entre les stratégies de politique monétaire de la Fed prête à passer à l'acte 2 de l'assouplissement quantitatif et la sienne propre, orientée vers la sortie de crise, la laisse démunie face à la hausse de la monnaie unique. Ses homologues helvètes et nippones ont eux aussi baissé les bras. La Banque nationale suisse a interrompu ses interventions massives du premier semestre sur le marché des changes après un constat d'échec cuisant. La Banque du Japon a tenté un baroud d'honneur le 15 septembre en lançant sa première intervention de change depuis 2004 et la plus musclée de sa longue histoire d'incursions sur le marché et le 5 octobre en renouant avec la ZIRP, la politique de taux zéro et en inaugurant un nouveau programme de rachats d'actifs. Que faire de plus pour tenter de contrer la lame de fond. Aux menaces lancées par Naoto Kan, le premier ministre, qui s'est dit prêt jeudi à agir « résolument » pour contrer l'ascension du yen, les acteurs du marché ont répondu par avance « même pas peur ».
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