Procès Kerviel, un témoin à 1,4 million d'euros

Dans le procès Kerviel, la sixième journée a tourné pour l'essentiel autour de questions techniques, mais les débats ont été égayés par la comparution de Moussa Bakir. Employé au moment des faits par Fimat, une filiale de la Société Généralecute; Générale, le courtier favori de Jérôme Kerviel a touché 1,4 million d'euros de bonus au second semestre 2007 grâce aux 125 milliards d'euros d'ordres que lui a envoyés le prévenu. Le président évoque des échanges entre Kerviel et Bakir, formulés en des termes très familiers qui font le bonheur du public. Kerviel y fait part de son inquiétude à propos de l'alerte envoyée par la Bourse allemande Eurex au mois de novembre 2007, et y était revenu en répondant aux questions qui lui ont été posées au sein de la banque au moment de l'arrêté des comptes. Bakir explique au tribunal qu'il n'a pas compris le désarroi de Kerviel, qui parlait d'aller « en taule », lui répondant « t'as rien fait de mal ». Le Ministère public cherche ensuite à établir que Bakir était au courant du fait que Kerviel réalisait régulièrement des opérations irrégulières, ou au moins qu'il s'en doutait. Mais Bakir ne dévie jamais de sa ligne : il n'a rien soupçonné jusqu'à la fin. Ainsi, lorsque Kerviel lui a dit qu'il allait s'acheter une corde (sous-entendu : pour se pendre), Bakir assure avoir pris ça « à la rigolade ». Même lorsque l'audience rit, Bakir reste très sérieux et concentré. On sent qu'il s'est préparé et qu'il ne veut pas commettre d'erreur. Il est d'ailleurs, à ce stade, le seul témoin à être venu avec son avocat...une question de niveauLe tribunal s'était auparavant penché sur l'évolution de la trésorerie de Jérôme Kerviel, dont le solde a été négatif de plus de 2 milliards d'euros en juin 2007, lorsque ses positions dissimulées étaient en perte latente du même montant, avant de se redresser subitement pour culminer à 1,4 milliard fin 2007, lorsque les paris de Kerviel, à la baisse, sont devenus gagnants grâce à la crise financière engendrée par les crédits immobiliers « subprime ». Il est établi dans le dossier que le supérieur direct de Kerviel, Éric Cordelle, a eu connaissance de cette somme fin 2007. Kerviel affirme d'ailleurs que, face à la crise de liquidité qui commençait, Éric Cordelle lui a dit de prêter du « cash » à ses coéquipiers, ce qu'il a fait. Il y voit une preuve que son supérieur était au courant de son résultat réel, du même montant. Mais la Société Généralecute; Générale explique que la trésorerie reflète l'activité du trader et non son résultat, notamment car elle peut aussi être affectée par des prêts ou emprunts. « C'est vrai, mais tout est question de niveau », argumente Kerviel. « Dire que sur le premier semestre j'aurais prêté 2 milliards d'euros [ce qui aurait pu expliquer son solde négatif du même montant, Ndlr] alors que je n'avais pas de cash, ce n'est pas crédible », explique l'ex-trader de la Société Généralecute; Générale. « De même, je n'aurais pas emprunté 1,4 milliard au second semestre 2007, ça coûte cher en intérêts et ça ne sert à rien », conclut-il. Mais pour la banque, jérôme Kerviel a là aussi brouillé les pistes, en réalisant « des prêts et des emprunts fictifs afin de masquer sa trésorerie ».Jérôme Kerviel, à son procès, le 11 juin 2010.Je n'aurais pas emprunté 1,4 milliard au second semestre 2007, ça coûte cher en intérêts et ça ne sert à rien. »
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