L'euro commence à résister aux mauvaises nouvelles

En des temps pas si lointains, la série de mauvaises nouvelles annoncées depuis lundi soir aurait fait chuter l'euro. Elle n'est pourtant pas parvenue à briser son élan. Alors qu'elle avait buté sur le seuil de résistance de 1,23 dollar lundi, la monnaie unique a réussi à le franchir le lendemain, se hissant à plus de 1,2330 et prenant ainsi du champ par rapport à son plancher de quatre ans atteint le 7 juin à 1,1875. La nouvelle dégradation de quatre crans de la note souveraine de la Grèce annoncée par Moody's n'a pas provoqué le coup de torchon que l'on aurait pu redouter. De fait l'agence, en ramenant cette note de A3 à Ba1, s'est alignée sur ses concurrentes, rangeant la Grèce au rang d'émetteur de dette « pourrie », « junk » disent les Anglo-Saxons, mais en écartant néanmoins le risque de défaut de paiement. Cette décision, vivement critiquée par la Commission européenne qui la juge « irrationnelle », va pourtant obliger la BCE à appliquer une décote supplémentaire - de 5 % - sur les titres grecs qu'elle reçoit en collatéral dans le cadre de ses opérations de refinancement. Ce qui veut dire que les banques commerciales recevront moins d'argent en échange de leurs obligations helléniques qu'en contrepartie de titres d'autres pays membres de la zone euro.« Révolution » en marcheAutre élément négatif que les marchés ont préféré minimiser : après les rumeurs d'un recours de l'Espagne au plan d'aide mis en place par l'Union européenne et le FMI, le secrétaire au Trésor Carlos Ocana avait dû admettre dans la soirée de lundi que certaines banques espagnoles étaient confrontées à une pénurie de crédit sur le marché interbancaire. Cette mauvaise nouvelle a été partiellement compensée mardi par le succès de l'émission de l'Espagne qui a placé 5,168 milliards d'euros à douze et dix-huit mois, soit la fourchette de son objectif qu'elle n'avait pas réussi à atteindre le 18 mai, lors de sa précédente opération. Même si elle a dû en payer le prix. Enfin, le marché n'a pas fait grise mine à l'annonce d'une très forte dégradation du baromètre des attentes conjoncturelles des milieux financiers allemands, l'indice ZEW, qui s'est établi à 28,7 en juin contre 45,8 en mai.Le marché, qui a retrouvé un certain goût du risque, commencerait-il à croire que la « révolution » de la gouvernance de la zone euro, dont parlait mardi Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, est bel et bien en marche. A moyen terme, en tout cas, nul doute que la crise, si elle permet la réduction des déficits publics, même en pesant momentanément sur la croissance, sera favorable à l'euro et aux actifs libellés en monnaie unique. Même si la plupart des stratèges continuent à prévoir une nouvelle dégradation de l'euro.
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