Quand la BoJ devient iconoclaste

chronique des marchésCe haut fonctionnaire de la Banque du Japon (BoJ) s'interroge : comment traduire en français la dernière innovation de la banque centrale ? « Même en japonais, je ne comprends pas le titre », lâche-t-il avec lassitude. La BoJ fait figure d'apprenti sorcier parmi les banques centrales du monde entier. Habituée à vivre avec des taux d'intérêt nominaux nuls, elle a multiplié les mesures exceptionnelles pour venir en aide à l'économie nationale ces deux dernières années. Mardi, elle a franchi un nouveau cap en proposant des prêts à taux privilégiés aux banques japonaises qui soutiendraient des secteurs porteurs de croissance. Le montant de ce programme est de 3.000 milliards de yens, (l'équivalent de 27 milliards d'euros). « Cette fois c'est carrément iconoclaste », s'amuse un financier européen. « La BoJ demande aux banques de définir elles-mêmes les secteurs porteurs et pouvant dégager des gains de productivité. C'est étrange car c'est plutôt aux États de déterminer les politiques économiques », poursuit-il. Derrière cette mesure se cache le bras de fer habituel entre le gouvernement et sa banque centrale, dans lequel se joue la question de son indépendance. Le nouveau Premier ministre Naoto Kan appelle depuis des mois la BoJ à faire des efforts en direction du gouvernement, notamment en achetant davantage d'obligations d'État. Mais celle-ci freine des quatre fers, attendant en vain que le ministère des Finances pose les bases d'une politique économique de croissance. Pour elle, c'est le gouvernement qui est responsable des vingt ans de marasme japonais, pas elle. « Taper sur la BoJ, rien de plus facile et de moins cher », résume un cadre de la banque centrale. Cette nouvelle mesure de soutien à l'activité, symbolique en regard des sommes en jeu, est donc une concession sur la forme accordée au gouvernement pour ne pas lâcher sur le fond : son indépendance.Régis Arnaud, à Tokyo « La Banque du japon demande aux banques de définir les secteurs porteurs et pouvant dégager des gains de productivité. C'est étrange car c'est plutôt aux États de déterminer les politiques économiques. »
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