Toute toute première fois

C'est presque un baptême. Mieux?: une intronisation. Il manquait à Éric Brion, directeur de la chaîne Equidia depuis 2003, d'avoir vécu l'un des événements les plus spectaculaires du monde équestre?: la course du Palio au centre de la ville italienne de Sienne. Celle où s'affrontent les « Contrado », les quartiers de la ville représentés chacun par un couple jockey cheval. Une tradition plus qu'une course qui remonte au Moyen Âge, où le rituel et les enjeux financiers comptent tout autant sinon plus que l'esprit sportif. « J'ai été fasciné par la différence entre l'avant-course et la course elle-même. D'abord, ce moment très lent, très beau, extrêmement prestigieux avec ces costumes flamboyants et ces personnages sortis des pages d'un livre d'histoire qui défilent pendant plus de deux heures. Et puis, l'instant de l'affrontement dans une course d'une tension inouïe, le temps d'un éclair, deux minutes trente. » En historien et littéraire passionné, mais aussi comme dirigeant d'une chaîne, somme toute assez généraliste, dont la passion serait le cheval, Éric Brion ne pouvait qu'apprécier ce spectacle au point d'en ressentir l'étrangeté?: « On y trouve en écho la violence de notre époque. Cette course semble ne répondre à aucune règle réelle?: les compétiteurs s'arrangent entre eux, le favori peut tenter de monnayer sa victoire et tous les moyens sont bons pour désarçonner son voisin. » Et de faire le parallèle avec les jeux de son enfance, les soldats de plomb auxquels, petit garçon, il pouvait dicter les règles du jeu. « Cela me renvoie à un âge où on se dit que tout est possible. Lorsque l'on est très jeune, on peut rêver d'être cavalier le jour du Palio, où tout un quartier chante la veille en votre honneur. » Mais, si l'enchantement a ramené loin en arrière ce jeune quadra, ancien cavalier, et l'a, dit-il, « délesté de son armure de patron », il y a retrouvé les codes de son monde professionnel. Ceux de l'image, de la course hippique avec laquelle est née Equidia. À aucun moment il n'a cependant imaginé retransmettre le Palio?: « Beaucoup de Français redoutent cette course car les chevaux y sont exposés aux chocs. Et puis c'est un événement qui entre mal dans la lucarne hexagonale. Quand je suis rentré à l'hôtel, j'ai revu la course à la télé italienne et j'ai trouvé cela pauvre. Il faudrait en fait trois heures d'antenne, comme dans le temps, pour apprécier. » Parce qu'il sait désormais ce qu'il faut de courage et de maîtrise pour gérer un animal imprévisible sur une place où crient 60.000 personnes, Éric Brion peut dire adieu à ses rêves d'enfant. Mais ses pensées se tourneront aujourd'hui vers Sienne, alors qu'en ce 16 août se déroule le second rendez-vous du Palio 2010.Sophie Péters ? Demain?: Olivier Rolin, mon premier roman.
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