En congrès, la CGC se cherche un avenir

En apparence, le congrès de la CFE-CGC, qui s'ouvre ce mercredi à Reims (Marne), devrait être beaucoup plus calme que celui de 2006. À l'époque, le syndicat des cadres s'était déchiré dans une lutte fratricide entre le président sortant, Bernard Van Craeynest (BVC), et sa rivale, Danièle Karniewicz. Rien de tel, cette fois. Les querelles de personnes ont été réglées en amont du congrès. Bernard Van Craeynest est, en effet, seul candidat à la présidence. Et il s'est entouré d'une secrétaire générale, Carole Couvert, issue des industries électriques et gazières, et d'un trésorier, Jean-Frédéric Dreyfus, venu des banques. Deux fédérations qui, avec la métallurgie dont il est issu, lui assurent une réélection sans difficulté.Pour autant, le congrès ne devrait pas être un long fleuve tranquille. La réforme de la représentativité syndicale de 2008 l'oblige, en effet, à réfléchir à son avenir. Et les vifs débats, qui l'agitent depuis deux ans, risquent fort de repartir de plus belle à Reims. L'organisation se déchire entre les partisans d'un syndicat catégoriel, ciblé sur les cadres, et les défenseurs d'une organisation généraliste. Les premiers arguent de l'avantage compétitif donné à la CGC par la position commune d'avril 2008. En calculant la représentativité du syndicat uniquement sur le collège des cadres (lire ci-dessous), l'avenir de la CFE-CGC est, à leurs yeux, assuré pendant quelques années encore. Et de mettre en avant le score de 27,8 % des voix chez les cadres lors des élections prud'homales de 2008, loin devant la CFDT (22,9 %).Faux, rétorquent les seconds, au premier rang desquels figure Bernard Van Craeynest. « Si on se laisse enfermer dans le champ trop étroit du catégoriel, ce sera mauvais pour la CGC », indique BVC qui emploie désormais plus volontiers le vocable de « classes moyennes » ? plus large que celui de « cadres » ? pour désigner ceux qu'il prétend représenter.De fait, le traitement spécifique accordé à la CFE-CGC peut, à terme, se révéler un piège. D'abord parce que, au fil des années, le syndicat a déjà dépassé le seul champ de l'encadrement, notamment dans les banques. Calculer sa représentativité sur le seul collège des cadres reviendrait, donc, à réduire drastiquement son audience ! Et ce n'est pas la seule difficulté. « Il est rare dans les entreprises d'avoir des accords uniquement consacrés aux cadres. Or, la CGC ne pourra pas forcément signer des accords concernant toutes les catégories de salariés, ce qui pourrait lui ôter tout attrait parmi ses électeurs », souligne Stéphane Béal, avocat au cabinet Fidal.des opposants vigilantsIl n'empêche, même s'il a raison sur le fond, en voulant aller très vite vers un syndicat généraliste, Bernard Van Craeynest a conduit son organisation au bord de la rupture. Annoncé dès avril 2008, le projet de fusion avec l'Unsa a cristallisé les lignes de fracture à tel point que BVC a dû y renoncer en mars 2009. L'expérience aidant, il se montre aujourd'hui beaucoup plus prudent dans ses tentatives de rapprochement avec la CFTC et FO. Mais l'aventure a laissé des traces. Et ses opposants se montrent plus vigilants que jamais. Reste à savoir si les uns et les autres étaleront leurs différends lors du congrès ou s'ils préféreront préserver, en public, une unité de façade...
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