Les banques centrales dans une logique de hausse des taux

Dans son rapport trimestriel sur l'inflation publié mercredi, la Banque d'Angleterre admet que l'indice des prix britannique évoluera entre 4 % et 5 % en glissement annuel au cours des prochains mois, bien que la reprise reste fragile, et qu'elle se maintiendra au-dessus de l'objectif de 2 % fixé par le gouvernement jusqu'en 2012, avant de décélérer. Albion serait donc confrontée à un risque de stagflation.En attendant, après l'annonce mardi d'une flambée de l'inflation en janvier à 4 %, Mervyn King le gouverneur de la BoE, a du, une énième fois, s'expliquer par courrier auprès du chancelier de l'Échiquier, comme le veut la tradition outre-Manche, sur les raisons qui ont conduit le conseil de la vieille Dame de Londres à maintenir son taux directeur au plancher historique de 0,5 % en dépit de ce dérapage, alors qu'elle a la responsabilité de faire respecter l'objectif gouvernemental. DilemmeEn admettant que l'inflation allait s'inscrire dans la durée et que le conseil était exceptionnellement divisé sur les mesures à prendre, King a entrouvert la porte à une remontée du taux directeur de la Banque d'Angleterre. Gageons que les « Sages » se donneront néanmoins le temps de soupeser les effets de la hausse de la TVA décidée début janvier sur les prix et l'activité avant de mettre fin à la politique monétaire ultra-accommodante en vigueur depuis mars 2009. Le premier tour de vis monétaire ne devrait pas intervenir avant août, même si certains observateurs penchent pour un infléchissement plus rapproché. Barclays Capital, par exemple, table sur trois hausses d'ici à fin 2011, par petites touches d'un quart de point en mai, août et novembre, qui porteraient le taux directeur à 1,25 % en fin d'année.Le dilemme de la Banque d'Angleterre est en fait partagé par toutes les grandes banques centrales. À commencer par la Banque centrale européenne, dont la borne haute de 2 % tolérée pour l'inflation, est largement enfoncée. L'indice des prix a bondi à 2,4 % en glissement annuel en janvier, alors qu'il ne s'élevait qu'à 0,9 % un an plus tôt. De sorte que les taux d'intérêt réels - le taux nominal de 1 % fixé par la BCE défalqué de l'inflation - s'enfoncent en territoire de plus en plus négatif. Même si Jean-Claude Trichet, lors de sa dernière conférence de presse, a tenu à rappeler que les anticipations d'inflation restaient solidement ancrées à un niveau compatible avec l'objectif de la BCE, des voix au sein du conseil commencent à murmurer qu'il ne faudra pas trop longtemps jouer les prolongations. La Réserve fédérale américaine, elle aussi, commence à se préocupper du retour de l'hydre inflationniste. Car l'immobilisme comporte un risque. Et il est énorme : celui d'une déroute du marché obligataire.
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