L'Union européenne n'a pas de budget pour 2011

Après les crises financière, économique et budgétaire, l'Union européenne s'offre le luxe d'une nouvelle crise... inter-institutionnelle cette fois. Les négociations entre les gouvernements et les eurodéputés sur le budget européen de l'an prochain ont échoué. L'Union européenne n'a donc pour l'heure toujours pas de budget pour l'an prochain.Le président du Parlement européen Jerzy Buzek avait annoncé la couleur lundi, date limite de la négociation, dans les colonnes de « La Tribune » : « Si le Conseil ne veut pas d'une discussion politique, je n'aurai d'autre choix que de bloquer. » Les eurodéputés étaient prêts à s'aligner sur l'exigence des capitales de plafonner l'augmentation du budget 2011 à 2,91 % du budget actuel. En contrepartie, les élus voulaient profiter de leurs nouveaux pouvoirs conférés par le traité de Lisbonne en matière de dépenses pour obtenir d'être associés aux discussions sur le futur budget pluriannuel. Mais pas seulement. Fatigués de voir le budget européen dépendre de l'argent de poche lâché chaque année dans la douleur par les capitales, les eurodéputés voulaient aussi la garantie d'un débat sur de nouvelles « ressources propres ». A l'oreille des moins europhiles, cette revendication sonnait comme la création d'un « impôt européen ». Du coup, le groupe des « contributeurs nets » au budget européen et mécontents de l'être, soit le Royaume-Uni et les Pays-Bas, ont, de l'avis de plusieurs négociateurs, fait preuve d'une mauvaise volonté manifeste et sèchement adressé aux eurodéputés une fin de non-recevoir. Les conservateurs britanniques ne sont pas mécontents de montrer à leur opinion publique que les « eurocrates de Bruxelles » devront, eux aussi, se serrer la ceinture. Résultat : l'UE se retrouve sans budget 2011 et devra composer avec des « douzièmes provisoires », soit un budget gelé mois par mois à son niveau de 2010. « Cela signifie que toutes les nouvelles politiques qui avaient été discutées pour le budget 2011 ne seront pas finançables », se désole le ministre belge du Budget Melchior Wathelet auprès de « La Tribune ». « Le service d'action extérieure, les agences de supervision financière ou encore les budgets agricoles risquent d'être mis en difficulté », poursuit-il. « Une balle dans le pied »« Ceux qui pensent avoir remporté une victoire contre Bruxelles se sont tiré une balle dans le pied », a accusé le président de la Commission José Manuel Barroso. Pour sortir de l'impasse, la Commission doit présenter rapidement un nouveau projet de budget qui passera entre les mains des ministres et des eurodéputés. « Cela prendra probablement des mois », annonce, volontairement catastrophiste, le commissaire au Budget Janusz Lewandowski. Sauf si les chefs d'État et de gouvernement s'en mêlent et parviennent à s'entendre pour lâcher un peu de lest aux eurodéputés. Le point a été mis à l'ordre du jour du Sommet européen des 16 et 17 décembre prochains à Bruxelles.
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