Les banquiers

Les responsables chinois et japonais mettent en garde contre les taux d'intérêt trop bas de la banque centrale américaine (la Fed). M. Liu, président de l'organisme de contrôle des banques chinoises, parle de « menace » sur la reprise de l'économie mondiale. M. Shirakawa, gouverneur de la Banque du Japon, dit que les taux bas présentent des risques « nouveaux, réels et insurmontables » pour l'économie. Ils disent que la Fed inonde le monde de dollars qui font monter exagérément le prix de nombreux actifs, ou les empêchent de baisser comme ils devraient. Ils parlent de « bulles » en formation dans les pays émergents. Ils expliquent en substance qu'ils en ont assez de prêter de l'argent aux États-Unis dans une monnaie fragile à un taux dérisoire. Venant de responsables d'États qui sont les plus grands créanciers du Trésor américain, ces avertissements ont du poids. Il y a trois issues. Soit les Américains obtempèrent et font monter les taux d'intérêt. C'est la récession aux États-Unis. Soit les pays excédentaires n'achètent plus de bons du Trésor américain et laissent monter leur monnaie, malgré les inconvénients que cela peut causer à leur industrie exportatrice. Dans ce cas, le Trésor aura plus de mal à se financer et les taux d'intérêt aux États-Unis monteront aussi, en particulier le taux des obligations à long terme qui sert de référence pour la fixation des crédits immobiliers et pour le calcul d'actualisation des profits des entreprises. C'est la crise immobilière et boursière assurée aux États-Unis. Soit les Américains obtiennent que Chinois et Japonais continuent à soutenir le dollar quelque temps, mais au prix de quelles concessions diplomatiques ? Si les Américains ne veulent pas ruiner leur pays, ils doivent monter les taux et défendre le dollar. La Chine et le Japon sont les banquiers de l'Amérique. Un banquier ne veut jamais la mort d'un client, surtout un client à qui il a prêté beaucoup d'argent, mais, si le client persiste à ne pas écouter, arrive un jour où le banquier coupe les lignes de crédit. nPar Maurice de Boisséson (Octo Finances).
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