La Suisse maintient ses taux à zéro pour protéger son franc

Ce n'est pas dans une atmosphère sereine que s'est tenue la dernière des quatre réunions annuelles de la Banque nationale suisse (BNS), tant son environnement est délétère. La BNS réunissait ses « Sages » jeudi quelques heures avant l'ouverture de la réunion cruciale des ministres des finances de l'Eurogroupe, dans un contexte de montée en puissance du franc suisse. Celui-ci est redevenu valeur refuge face aux déboires de l'euro chahuté par les rebondissements de la crise de la dette souveraine de la zone euro. La monnaie helvétique, qui s'était stabilisée depuis sa série de records historiques de septembre, a touché un nouveau point haut de tous temps mercredi par rapport à la monnaie unique, se hissant jusqu'à 1,2759 pour un euro. Depuis le début de l'année, elle s'est revalorisée de plus de 13 % vis-à-vis de l'euro. C'est avant tout pour empêcher le retour d'une fièvre acheteuse sur son franc que la BNS a maintenu le statu quo sur son taux directeur. Malgré la tentation de mettre un bémol à une politique monétaire hyper accommodante, le taux du Libor trois mois, qui fait office de taux directeur, a été reconduit dans la fourchette de 0 % à 0,75 % dans laquelle la BNS le pilote depuis mars 2009, en visant une moyenne de 0,25 %. Révision des prévisionsLa BNS a dû admettre, par la voix de son président Philipp Hildebrand, que si la crise de la zone euro s'intensifiait, la Confédération ne serait pas à l'abri de retombées négatives supplémentaires sur son économie. C'est aussi pour dissuader les investisseurs de se ruer sur son franc que la banque centrale suisse, si elle a maintenu sa prévision de croissance 2010 à un robuste 2,5 %, a révisé sa projections pour 2011. Le PIB ne progresserait que de 1,5 % en raison, explique-t-elle, du ralentissement de la croissance chez ses voisins dont elle dépend fortement pour ses exportations, principal moteur de l'activité suisse. Dans l'immédiat, il est peu probable que la BNS recourt à l'arme des interventions comme elle l'avait fait massivement jusqu'à la fin du printemps. Car elle en a essuyé les plâtres. À la fin du premier semestre, la banque centrale avait amoncelé 226,7 milliards de francs suisses de réserves de devises, dont 44,9 milliards en dollars et 120,6 en euros. La montée en puissance du franc face à la monnaie unique des Seize lui a infligé une perte de change de 21,2 milliards de francs suisses, faisant plonger les comptes de la BNS dans le rouge. Un comble ! Pour remédier à ce dysfonctionnement, l'institut d'émission a ramené la part de l'euro dans ses réserves de 70 % à 55 % et accru la diversification de son portefeuille, pour y inclure des monnaies nordiques et des dollars « exotiques ». A la BNS, le maître mot est « prudence ».
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