Haïti, la crise humanitaire s'accentue

L'organisation de l'aide d'urgence continuait à préoccuper les responsables des secours dimanche à Haïti, un des pays les plus pauvres de la planète. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui s'est rendu dimanche dans l'île des Caraïbes, a dit qu'il s'agissait de « la plus grave crise humanitaire depuis des décennies ». Les espoirs de retrouver des personnes vivantes sous les décombres cinq jours après le tremblement de terre qui a ravagé la capitale de Port-au-Prince et ses environs s'amenuisaient tandis que les difficultés à acheminer nourriture, eau potable et médicaments provoquaient l'impatience et la colère des populations sinistrées. « Les premiers défis à relever sont d'ordre logistique. Les Américains ont pris le contrôle de l'aéroport mais celui-ci se révèle sous-dimensionné pour accueillir l'ensemble des vols. L'acheminement des secours se pose avec d'autant plus de difficultés que le principal port d'Haïti a été fortement touché par le séisme. Il est impossible de transporter des volumes importants d'aide alors que les populations commencent à souffrir de soif et de faim. Ce n'est pas réalisable d'approvisionner 2 millions de personnes par avion », explique Serge Michailof, enseignant à Sciences po, ex-directeur des opérations à la Banque mondiale.Selon l'ONU, 1,5 million de personnes sont sans abri dans la capitale, peuplée de 2,8 millions d'habitants, et un grand nombre des corps des victimes ? 50.000 selon un bilan provisoire de l'Organisation mondiale de la santé ? jonchent encore les rues. Leur décomposition, accélérée par la chaleur, fait craindre des épidémies dans les prochains jours. 25.000 ont été enlevés et ensevelis. Près de 250.000 blessés attendent des interventions. Selon l'ONG Médecins du monde, ses équipes ont opéré un grand nombre d'amputations, « de l'ordre de 400 », témoignait un chirurgien de l'organisation. Au total, 2 millions de personnes ont besoin d'aide, notamment d'eau potable, de nourriture et de médicaments.« Un goulot d'étranglement s'est formé pour entrer dans Port-au-Prince, une ville construite pour une large part à flanc de montagne, hors de son centre historique. En temps normal, le trafic est déjà congestionné. Il faut souvent des heures pour atteindre les sommets de la ville. Après l'effondrement des immeubles et des maisons, toute circulation est rendue impossible. Il faut donc des moyens aéroportés, comme des hélicoptères, pour atteindre les gens », souligne François Grünewald, directeur général de l'institut Urgence Réhabilitation Développement (URD).L'ONU a lancé un appel aux bailleurs de fonds pour réunir les 562 millions de dollars nécessaires pour venir en aide aux victimes du séisme. Outre leur engagement en urgence sous forme d'envois de nourriture, de médicaments et de personnels qualifiés, nombre de pays ont promis de verser leur participation à l'organisation. Pour l'instant, les promesses s'élèvent à 285,5 millions de dollars. Parmi les principaux donateurs, outre les institutionnels comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, on trouve les États-Unis avec 100 millions de dollars, le Canada (54 millions de dollars), la Suède (18 millions) ou encore le Brésil (15,5 millions).mobilisation importanteLes États-Unis jouent un rôle de premier plan pour l'organisation. Le président Barack Obama en a fait une priorité : « C'est un moment important pour le leadership américain », a-t-il déclaré vendredi, précisant que la puissance des États-Unis ne doit pas être utilisée « seulement pour notre propre intérêt mais pour celui de l'ensemble du monde ». Vendredi, Barack Obama a réuni à la Maison-Blanche ses deux prédécesseurs, Bill Clinton et George W. Bush, pour leur demander solennellement de s'investir dans la récolte de fonds. Outre les personnels civils et la mobilisation importante de matériels, Washington disposera ce lundi de 10.000 soldats sur place pour favoriser la distribution de l'aide et assurer la sécurité. Les nombreux pillages ont provoqué la réaction de la police haïtienne qui a abattu un homme dimanche.D'ores et déjà, la question de la reconstruction est à l'ordre du jour. Outre une réunion du Conseil de sécurité prévue lundi à la demande du Mexique, l'Union européenne organise au même moment une réunion de travail pour décider du montant de ses engagements financiers et appeler à une conférence internationale sous l'égide de l'ONU et de la Banque mondiale pour la reconstruction du pays. Au total, les pays membres de l'Union européenne auraient débloqué déjà entre 20 et 30 millions d'euros selon un haut fonctionnaire européen pour l'aide d'urgence.
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