L'inflation complique la tâche de la BoE

Si la tâche des grandes banques centrales s'avère compliquée en ce début d'année, celle de la Banque d'Angleterre (BoE) est un véritable numéro d'équilibriste. Tiraillée entre une reprise anémique et une inflation élevée, l'institution tente de rassurer les marchés pour limiter la hausse du coût de sa dette à long terme.La communication mercredi des détails de la dernière réunion de politique monétaire, qui a fait apparaître un consensus unanime des sages pour maintenir les taux directeurs et surtout suspendre les mesures d'assouplissement quantitatif, a pesé sur les obligations d'État. Évoluant en sens inverse des prix, le rendement des titres d'échéance à 10 ans s'est immédiatement tendu de 5 points de base, à 4,06 %, avant de revenir à un niveau proche de l'ouverture. Ce programme de 200 milliards de livres, soit 15 % du PIB britannique, visait à compléter la baisse des taux directeurs par des achats d'obligations pour normaliser les conditions de marché. Il a aussi constitué un soutien précieux pour les obligations d'État britanniques. Mais cette monétisation de la dette a aussi alimenté les craintes inflationnistes.« La BoE ne peut pas continuer à mener des politiques réputées inflationnistes quand les chiffres de l'inflation s'écartent autant de ses objectifs de stabilité des prix, même dans un environnement peu propice à la hausse des prix », explique René Defossez, stratégiste taux chez Natixis. Mardi, les rendements britanniques s'étaient déjà tendus dans le sillage de la publication des chiffres d'inflation pour le mois de janvier, qui faisait apparaître une hausse annuelle de 3,5 %, contre + 1 % dans la zone euro. Le mouvement avait par la suite été contré par des statistiques montrant que le chômage avait, contre toute attente, augmenté en janvier à son plus haut niveau depuis avril 1997. autre péril : la detteMervyn King, le gouverneur de la BoE, avait par ailleurs assuré que le bond des prix, qui rogne le rendement des titres obligataires, était « temporaire ». Natixis estime que l'inflation devrait revenir fin 2010 à 2 %, l'objectif de la BoE. En attendant, il lui faudra convaincre les marchés, beaucoup plus influencés par l'inflation actuelle. D'autant qu'un autre péril, celui du fardeau de la dette héritée de la crise, renchérit le coût de financement de l'économie britannique.D'après la BoE, le coût de la crise pour le secteur public a été de 20 % du PIB de 2007, contre 18 % aux États-Unis et 5 % en zone euro. Le rendement des obligations d'État à 10 ans britanniques a bondi depuis début décembre de 50 points de base, à 4,03 %. Dans le même temps, les titres allemands et français ont enregistré des hausses de respectivement 4 et 9 points de base. Julien Beauvieux
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