L'euro en pointe, sauf contre le franc suisse

L'euro a regagné 4,5 % de sa valeur face au billet vert depuis son point bas récent. Il s'est retrouvé propulsé jeudi à son plus haut niveau depuis trois semaines refranchissant le seuil de 1,24 dollar, soutenu par la forte demande des investisseurs pour l'émission obligataire espagnole - dont on redoutait qu'ils ne la battent froid tant les turbulences se sont récemment multipliées sur le marché de la dette ibérique. Il y a dix jours, il ne valait que 1,1875, un plancher de quatre ans.Et pourtant, la monnaie unique vient de perdre ce qui fut l'une de ses plus sûres alliées : la Banque nationale suisse. La BNS avait pris l'habitude depuis mars 2009 de mener une politique de change très active, en intervenant parfois massivement sur le marché pour freiner l'envolée de sa monnaie. Au cours des derniers mois, alors que son franc volait de records en records face à la monnaie unique - affichant un gain de 8 % depuis janvier - ce sont des tombereaux d'euros qu'elle a engrangés en vendant des francs suisses. Ses réserves de change sont passées de 145 milliards de dollars fin avril à... 262 milliards fin mai, comme nous l'indiquions dans notre édition du 14 juin. Ce gonflement exceptionnel a fait bondir ce trésor de guerre du seizième au septième rang mondial.Ce formidable soutien indirect à l'euro risque cependant de se tarir. Hier, à l'issue de son conseil trimestriel, la banque centrale helvète a changé son fusil d'épaule, ouvrant la voix à un resserrement monétaire, dont les modalités n'ont pas encore été révélées. Certes, la BNS a pour l'instant maintenu sa politique monétaire ultra accommodante, reconduisant la fourchette du Libor trois mois, qui fait office de taux directeur, à 0 %-0,75 %, mais elle s'est clairement désolidarisée de sa politique antérieure, en abandonnant sa promesse de combattre toute appréciation excessive du franc suisse. Demande étrangèreRedoutant une recrudescence de pressions inflationnistes dans un contexte de retour à la croissance plus soutenue que dans la zone euro - elle table sur une progression du PIB de 2 % cette année, contre 1,5 % lors de ses précédentes prévisions - la BNS pourrait, dans une première étape, laisser le franc suisse se revaloriser pour bénéficier du bouclier anti-inflationniste d'une monnaie forte, avant de recourir à l'arme des taux. Si l'on en croit le président de la BNS, Philipp Hildebrand, la perte de compétitivité à l'exportation que provoque le raffermissement du franc face à l'euro est compensée par la croissance de la demande étrangère. Rien d'étonnant donc que cette nouvelle flexibilité monétaire ait redonné des ailes au franc suisse : au plus haut dans les transactions de jeudi, il s'est hissé jusqu'à 1,3750 pour un euro, à quelques fractions du record historique de 1,3735 pulvérisé le 9 juin. La BNS pourrait laisser le franc suisse se revaloriser pour bénéficier du bouclier anti-inflationniste d'une monnaie forte, avant de recourir à l'arme des taux.
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