Laboratoires et biotechs peinent sur la maladie d'Alzheimer

harmacieOn en sait aujourd'hui beaucoup moins sur Alzheimer que sur le sida ou le cancer ! », soulignait, hier, Philippe Lagayette, président de la Fondation Alzheimer. À quelques jours de la journée mondiale consacrée à cette maladie, lundi 21 septembre, le constat est partagé par l'ensemble des acteurs scientifiques et médicaux. Aujourd'hui, cinq laboratoires commercialisent des médicaments ? dont le japonais Eisai, le suisse Novartis et l'américain J&J via sa filiale Janssen Cilag. Le marché mondial était estimé à 5,6 milliards de dollars en 2007, selon le cabinet Bionest. Mais ces médicaments ne visent qu'à ralentir l'évolution de la maladie. « Aujourd'hui, on sait prendre en charge les symptômes et certains facteurs de risque ? diabète, cholestérol ? mais pas guérir la maladie », résume Philippe Amouyel, directeur général de la Fondation Alzheimer. Pourquoi un tel retard, alors que l'affection touche 30 millions de personnes dans le monde, dont près de 900.000 en France ? « La difficulté a longtemps été de diagnostiquer la maladie avec précision, analyse Jean-François Mouney, président de la société de biotech Genfit. Et, pour les laboratoires, les recherches sont beaucoup plus coûteuses, et longues que dans d'autres pathologies, comme le cancer. » Le coût d'un essai clinique de phase III (la dernière avant la commercialisation) est estimé à 100 millions d'euros. On compte toutefois plus de soixante-cinq traitements en phase de développement clinique (essais sur l'homme) dans le monde, dont huit en phase III. Les américains Lilly et Wyeth (en collaboration avec l'irlandais Elan) sont les plus avancés. Leur compatriote J&J a annoncé, hier, qu'il reprenait le partenariat noué par Elan, dont il détient 18 %.200 millions d'eurosEn France, le plan Alzheimer lancé en 2008 est doté d'un budget de 1,6 milliard d'euros. Mais des voix dénoncent, notamment les biotechs, la faible part dédiée à la recherche (200 millions) au profit du volet médico-social. « L'investissement est déjà significatif, d'autant que les précédents plans ne contenaient aucun effort spécifique sur la recherche », répond Florence Lustman, vice-présidente de la fondation, qui associe organismes publics, experts et quatre laboratoires privés : Sanofi-Aventis, Servier, Ipsen (depuis peu) et MSD-Chibret, filiale France de l'américain Merck. Leur investissement est cependant limité (20 millions). Les biotechs ne sont pas en reste. Cinq d'entre elles ont créé un consortium doté de 3,8 millions d'euros, sous la houlette de Genfit. « Le premier de nos projets devrait entrer en phase clinique d'ici à dix-huit mois », estime Jean-François Mouney. Reste que le médicament « guérisseur » ne semble pas encore à portée de main. « Rien ne dit que les traitements les plus prometteurs aujourd'hui ? vaccins, sérothérapie ? seront concluants au terme des essais cliniques », tempère Philippe Amouyel.
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