Les jeux dangereux d'Abbas Kiarostami

Il a révélé la vitalité du cinéma iranien dès le milieu des années 1990, ouvert la voie à d'autres réalisateurs. Tel Jafar Panahi, arbitrairement détenu dans une prison iranienne alors qu'il était attendu à Cannes comme membre du jury. Abbas Kiarostami lui aurait alors soumis son dernier film, « ­Copie conforme », présenté hier en compétition officielle. Balade en ToscaneUne première pour le réalisateur : il a tourné en Toscane, en Italie, et non en Iran, avec des comédiens occidentaux : Juliette Binoche et William Shimell. À l'arrivée, Kiarostami réussit une oeuvre portée par une image superbe, mais inégale car souvent bavarde, bien trop longue à démarrer. Reste qu'elle a le mérite de déstabiliser le spectateur. Le réalisateur nous embarque aux côtés d'une galeriste ­française et d'un historien d'art ­britannique pour une balade en Toscane. Très vite, on les croit mari et femme. Eux-mêmes finissent par jouer à ce jeu dangereux, dont on se ­demande si c'est, pour lui, une manière de la séduire, ou bien, pour ce vieux couple, une façon de raviver la flamme des débuts.Kiarostami, le plasticien, auteur d'un livre de photos chez Gallimard, prend souvent le pas sur le réalisateur dans des dialogues savants et lassants sur l'art. Mais « Copie conforme » rend aussi un bel hommage au 7e art dans ce jeu permanent entre fiction et réalité. Enfin, le film offre à Juliette Binoche, plus lumineuse que jamais,son plus beau rôle. Y. Y.
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