Menaces sur la recherche pharmaceutique en France

Schizophrénie ou stratégie bien pensée? En début de mois se sont tenues à l'Elysée les Seconde Assises de la Recherche, sorte de "speed dating" géant entre labos pharmaceutiques et chercheurs académiques. Objectif : apprendre à se connaître, développer des partenariats et, surtout, pallier les déficiences des uns (labos) en projets, et des autres (académiques) en perspectives concrètes de valorisation de leurs idées. Pendant ce temps-là, toutefois, les plans sociaux et autres réductions d'effectifs se multiplient dans l'industrie. Le dernier en date? Celui de Merck Schering-Plough. L'ensemble issu de la fusion entre les deux groupes va fermer le labo de recherche et développement (R&D) de Schering-Plough à Riom (Puy-de-Dôme), qui emploie 125 salariés, au profit du site de toxicologie de MSD-Chibret (filiale France de Merck) situé dans la même localité. Les dirigeants n'ont pas précisé la proportion de salariés qui seraient reclassés.Recherche amontEn fait, l'explication des laboratoires tient en quelques lignes : on ne peut pas réaliser dans l'industrie, avec des équipes souvent importantes et focalisées sur des projets à fort retour sur investissement, ce que font des chercheurs de l'Inserm ou du CNRS "sur leur paillasse", c'est-à-dire de la recherche fondamentale amont, souvent très éloignée de toute application concrète. Et c'est pourtant de cette recherche qu'ont aujourd'hui besoin les labos privés pour doper leur propre portefeuille de produits. Côtés chercheurs, on rétorque que c'est aussi un moyen pour l'industrie de s'exempter des risques liés à des travaux au résultat parfois aléatoire. Ce que ne contestent guère, d'ailleurs, les intéressés.Crédit d'impôt rechercheRestent certaines exceptions à la règle. La semaine dernière, l'américain Covidien, spécialiste des équipements médicaux, a posé la première pierre d'un nouveau centre de R&D à Trévoux, dans l'Ain. Un investissement de 20 millions d'euros, certes symbolique pour un groupe qui totalise plus de 10 milliards de dollars de revenus, mais qui a le mérite d'exister. Outre la "qualité de vie" dans la région et l'excellence des scientifiques français, son président, Scott Flora, tout droit débarqué du Connecticut pour l'occasion, a tout de même admis que le mécanisme du crédit d'impôt recherche avait grandement joué dans sa décision. De quoi laisser penser que notre beau pays a encore quelques atouts.
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