Les Chinois ont mis un Tigre dans leur porte-monnaie

On se bousculait ce samedi 13 février chez Tian Yi Jia, un restaurant chic de Pékin. Plus une place en cette veille du nouvel an chinois. Le prix du menu de six plats - 700 yuan par personne, un montant élevé pour le Pékinois moyen - n'a pas découragé les familles chinoises venues célébrer l'année du Tigre. Le lieu est propice, le restaurant étant aménagé à l'intérieur d'une ancienne maison traditionnelle chinoise à deux pas de la Cité interdite. Il y a un an, pour l'année du Boeuf, ses portes étaient closes, en raison de la crise. Et durant toute la semaine des festivités, il n'offre qu'un service minimum, certains de ses employés étant partis en vacances. Ce soir-là, le manager, débordé, assure que la crise, « c'est désormais du pass頻. Les Chinois, pour qui le nouvel an est la fête la plus importante de l'année, semblent décidés à dépenser sans compter. Au mois de janvier, les ventes d'automobiles ont bondi de 116 % par rapport à l'année dernière. Désormais, il n'est pas rare de voir les familles aisées offrir une voiture à leurs enfants à l'occasion de la célébration de la nouvelle année. Dans une grande surface, une vendeuse nous confirme que pour préparer les fêtes ou pour acheter des cadeaux, les clients n'ont pas hésité, contrairment à l'année dernière, à payer davantage pour s'offrir un produit de meilleure qualité.Manque de main-d'oeuvreEn 2009, l'image avait frappé les esprits : des millions de migrants licenciés rentraient plus ou moins définitivement chez eux, à la campagne. Dans le sud du pays, des usines avaient été contraintes de suspendre la production, faute de commandes. Les exportations, moteur de la croissance de la Chine, avaient accusé une baisse de 2,8 % en 2008. Cette année, des millions de migrants ont continué à rentrer chez eux. Mais les journaux n'évoquent plus les risques de tensions sociales et le retour forcé de travailleurs déracinés. Au contraire, c'est le manque de main-d'oeuvre qui est désormais le problème. Certaines usines sont allées jusqu'à payer le billet d'avion de leurs meilleurs enployés pour s'assurer qu'ils reviendront après leur semaine de vacances annuelle. D'autres entreprises, moins scrupuleuses, ont retenu une partie des salaires pour revoir leurs ouvriers. Il est vrai qu'entre les deux « golden weeks » - comme on appelle ici les vacances fixées par l'État -, le gouvernement a commencé à appliquer un plan de relance sur deux ans d'un montant de 434 milliards d'euros. Résultat, la croissance économique s'est affichée à 8,3 % en 2009, passant le seuil des 10 % au quatrième trimestre, à 10,7 %, et les exportations sont reparties à la hausse. En janvier, elles ont bondi de 21 %, permettant à la Chine de ravir à l'Allemagne le titre de premier exportateur mondial. L'année commence donc fort, peut-être trop fort, avec un risque de surchauffe et d'inflation. Pour le gouvernement, le problème va être de dompter cet emballement en cette année du Tigre.Virginie Mangin, à Pék
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