... et celui d'un Allemand en France

Par Holger Alich Pour comprendre ce qui se trame derrière ces crispations européennes, il faut s'intéresser à la politique intérieure de l'Allemagne. Alors qu'elle était à l'aise quand elle partageait le pouvoir avec les sociaux-démocrates, Angela Merkel (photo) a perdu de sa superbe depuis qu'elle gouverne le pays avec des libéraux très vindicatifs.Environ six mois après la formation de ce nouveau gouvernement comprenant la CDU, son cousin bavarois, la CSU et le FDP, la déception est énorme. Selon un sondage commandé par le « Handelsblatt », plus de 90 % des patrons allemands sont « déçus ». Au lieu de suivre un cap de réforme clair, libéraux et CSU passent leur temps à se chamailler. Le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, et ses affidés veulent à tout prix tenir leurs promesses de campagne en baissant les impôts et en réformant d'une façon radicale l'assurance-maladie. Les sociaux-chrétiens bavarois s'y opposent farouchement. Chacun explique à Angela Merkel qu'elle doit respecter le contrat de gouvernement (« Koalitionsvertrag »), mais ce document de base est tellement flou qu'il permet toutes les interprétations.Pour l'opinion publique, Athènes doit se débrouiller seuleLa nervosité est d'autant plus manifeste qu'une élection importante se rapproche. Le 9 mai, les électeurs de la région la plus peuplée d'Allemagne renouvelleront les membres de leur Parlement. Actuellement, cette région clé d'Allemagne est gouvernée par une coalition CDU-FDP, comme au niveau fédéral. Et si Merkel perd cette élection, le gouvernement ne disposera plus d'une majorité dans la deuxième chambre du Parlement, le Bundesrat (l'équivalent du Sénat français). La question de l'aide financière à la Grèce arrive donc au plus mauvais moment. Pour l'opinion publique, Athènes doit se débrouiller seule. « Pourquoi devrions-nous payer pour les Grecs qui partent en retraite à 55 ans, alors que nous, les Allemands, devons travailler jusqu'à 67 ans ? », entend-on dire aux comptoirs des Kneipen.Trouver une astuce pour convaincre les AllemandsEt puis, il y a cette promesse faite par Helmut Kohl lors de la création de l'euro. Le chancelier avait assuré aux Allemands que jamais ils n'auraient à payer pour un mauvais élève de la zone euro. Angela Merkel n'a guère envie de porter le déshonneur d'un parjure.Comme si cela ne suffisait pas, voilà que Christine Lagarde en rajoute une louche en critiquant sans ménagement la politique économique de l'Allemagne.Que faire ? Il serait dangereux d'augmenter la pression sur le gouvernement allemand. Angela Merkel est déjà sur des charbons ardents. Mieux vaudrait trouver une astuce pour convaincre les Allemands qu'il ne faut pas laisser au FMI le soin de gérer le problème grec. On pourrait par exemple expliquer que les pays de la zone euro ferait une bonne affaire en apportant une aide à un de leurs membres qui, à terme, leur remboursera avec intérêt. Le pacte de stabilité ne suffit plusMais nous ne nous épargnerons pas non plus un débat musclé sur une réforme de la zone euro. Le pacte de stabilité ne suffit plus. Les Allemands ne veulent plus être les seuls à s'attaquer d'une façon sérieuse aux déficits. La crise l'a montré d'une façon claire. L'endettement, ce n'est pas la solution. Bien au contraire. Qu'elle soit privée ou publique, la dette, quand elle est excessive, menace la stabilité économique.
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