La cacophonie monétaire fait monter l'euro malgré lui

C'est cette semaine - le 22 septembre précisément - que l'accord du Plaza de New York, l'acte fondateur de la coopération internationale en matière de taux de changes, soufflera sa vingt-cinquième bougie. Le constat est amer : dans la cacophonie actuelle, où la politique du chacun pour soi dicte sa loi, l'esprit du Plaza n'a jamais été aussi éloigné. Et c'est dans une atmosphère de foire d'empoigne que se prépare la réunion du G20, qui a pris le pas sur le G7, et surtout sur le G5 d'alors qui avait organisé à l'échelle des cinq pays les plus riches du monde le premier cycle d'interventions concertées pour accompagner la décrue du dollar. Excuse facileAu plus haut de son histoire au début de 1985, le billet vert avait lourdement aggravé les déséquilibres mondiaux. Il avait à l'époque dépassé le seuil de 10 francs français paralysant tous les écrans qui n'étaient pas préparés à passer à une cotation du couple dollar - franc à deux chiffres. Les déséquilibres sont toujours aussi palpables, mais la coopération internationale a du plomb dans l'aile. Aux côtés de la Chine qui engrange des tombereaux de dollars pour empêcher son yuan de s'apprécier, provoquant un gonflement de ses réserves de change à près de 2.500 milliards de dollars, ses voisins asiatiques ont trouvé une excuse facile pour renforcer leur interventionnisme monétaire dans la décision unilatérale du Japon. L'intervention en solo de la Banque du Japon, la première depuis 2004, mercredi dernier pour tenter d'interrompre la flambée du yen n'a pas fini de faire des vagues. Rien d'étonnant que l'Europe, par la voix de Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, ait critiqué dès le lendemain cette intervention unilatérale : c'est vers l'euro que se sont majoritairement reportés les mouvements de capitaux quittant le yen. A la veille du week-end, la monnaie unique se négociait à ses plus hauts niveaux depuis un mois face au yen, au dollar et au franc suisse, même si en deuxième partie de séance vendredi de nouvelles inquiétudes sur la santé du système bancaire irlandais ont provoqué quelques prises de bénéfice. Si l'euro a inopinément tiré la couverture à lui, c'est avant tout parce que le dollar est entaché par les craintes d'adoption de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif par la Réserve fédérale américaine, dont le conseil se réunit mardi. Depuis son dernier conseil le 10 août, la Fed a déjà pris l'initiative de réinvestir le produit des remboursements liés à son portefeuille de titres hypothécaires en emprunts d'Etat. Elle en a acquis 17,64 milliards de dollars supplémentaires, après son programme d'achats de 300 milliards de dollars qui s'est achevé en mars 2010.
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