La méthode Rolet pour la Bourse de Londres

Nous avons ouvert les paris pour trouver quelqu'un qui réussisse à obtenir une réponse courte de la part de Xavier Rolet, s'amuse un collègue du directeur de la Bourse de Londres. À sa décharge, ses longues explications prouvent à quel point il est passionné. »Tout juste un an après avoir pris les rênes de la Bourse de Londres(qui possède aussi celle de Milan), Xavier Rolet a plus que jamais besoin de cet enthousiasme. Ses résultats annuels, présentés vendredi, font état d'un chiffre d'affaires en recul de 6% et d'un bénéfice opérationnel en baisse de 18%.La pression arrive sur tous les fronts. Le premier est la concurrence des nouvelles Bourses, les fameuses MTF (« Multilateral Trading Facility »), nées de la dérégularisation du secteur il y a moins de deux ans. Proposant des tarifs très avantageux, celles-ci (Chi-X, Bats...) ont conquis environ 45% de parts de marché sur les actions du FTSE 100. « Leurs prix ne sont pas tenables et aucune d'entre elles n'est rentable », rétorque Xavier Rolet.La deuxième pression est la crise, qui entraîne des volumes d'échange « anémiques », selon le patron du LSE. De plus, le tarif annuel payé par les grandes entreprises cotées est fondé sur leur capitalisation en novembre de l'année précédente : en l'occurrence, novembre 2008 était un point bas pour les Bourses mondiales.Enfin, d'énormes défis réglementaires pointent à l'horizon. Xavier Rolet s'inquiète en particulier des chambres de compensation (LCH Clearnet et Euroclear) qui sont, selon lui, trop chères. Il espère que les différents régulateurs européens pourront se mettre d'accord sur une norme commune qui en réduirait les coûts.Réformes tous azimutsUn chiffre résume les difficultés du LSE : en 2007, 65% de ses revenus venait directement de la Bourse (marchés primaire et secondaire) ; en 2009-2010, le chiffre est réduit à 46%. Le reste - services technologiques (fournir des données en temps réels...) ou le « post-march頻 (compensation et règlement livraison) - est de plus en plus important. « La clé de notre succès sera la diversification », estime Xavier Rolet.Face à ces difficultés, il a lancé des réformes tous azimuts. Réduction des coûts par des suppressions d'emplois ; réduction des tarifs, en particulier en offrant des réductions substantielles pour ceux qui réalisent les plus gros volumes d'échange.En décembre, il a aussi acheté 51% de Turquoise, l'une des principales plates-formes MTF. Depuis, le volume d'activité qui s'y déroule a presque doublé, en partie parce qu'elle est fusionnée à Baikal, la plate-forme « dark pool » (qui permet d'échanger de gros blocs d'actions anonymement) de la Bourse de Londres.Autre réforme lancée : le changement de la technologie du LSE. L'an dernier, la Bourse britannique a racheté Millenium IT, une société informatique du Sri Lanka. À terme, cela doit permettre de réduire le temps de transaction et d'offrir des services plus complets aux clients. Enfin, une Bourse obligataire a été mise en route en janvier.« Nous avons lancé une complète réorganisation du groupe, qui prendra encore deux ou trois ans », estime Xavier Rolet. L'ancien banquier d'affaires toujours pressé, doit apprendre la patience : « Le LSE est une infrastructure de services financiers. Il s'agit de plomberie, à travers de nombreuses juridictions différentes. Cela prend du temps. »
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