Un nouveau directeur général cherche à donner un second souffle à Theolia

Les semaines qui viennent seront décisives pour Theolia. Le producteur d'électricité éolienne s'apprête à lancer dans les prochains jours une augmentation de capital, de 45 à 100?millions d'euros, indispensable à sa survie. Mais au-delà de cette étape, l'ancienne star des marchés financiers, qui traverse de très fortes turbulences depuis dix-huit mois, va devoir - enfin - faire la preuve de sa capacité à être rentable.À la manoeuvre pour ce défi, Fady Khallouf, nommé directeur général le 24?mai dernier, après la révocation en février de Marc Van't Noordende. Lequel avait été lui-même appelé à la rescousse en septembre?2008 quelques jours après... l'éviction par les actionnaires du président et fondateur de Theolia, Jean-Marie Santander. La tâche ne va pas être aisée pour ce Français d'origine libanaise de 49 ans, qui se présente comme un «?consultant en stratégie et restructuration?».BoulimieAvec une capitalisation boursière qui a fondu à 87?millions d'euros - une plongée de 92?% depuis trois ans - Theolia disposait fin 2009 d'une trésorerie de 94?millions d'euros pour des dettes s'élevant à 450?millions d'euros. L'an dernier, grâce à un vaste programme de cession de parcs et de projets de fermes éoliennes, le groupe a ramené sa perte nette à 21?millions d'euros contre un déficit de 197?millions en 2008. Mais depuis sa création en 1999, il n'a jamais gagné d'argent.Pendant plusieurs années, Jean-Marie Santander s'est livré à une boulimie d'acquisitions, le plus souvent à prix d'or. Point d'orgue de cette croissance frénétique?: l'entrée, en avril?2007, au capital de la PME d'Aix-en-Provence, de l'un des plus grands groupes du monde, General Electric, à hauteur de 23?%. L'apport de l'activité éolienne européenne du groupe américain a permis à Theolia de tripler la taille de son parc installé. «?Nous étions le challenger d'EDF Énergies Nouvelles. Fin 2007, on sera devant et numéro un français?», avait déclaré à cette occasion Jean-Marie Santander. La filiale d'EDF pèse aujourd'hui 2,25?milliards d'euros en Bourse. De son côté, GE a cédé fin 2008 sa participation dans Theolia à une entreprise turque, Gama Enerji, qu'il détient à 50?%.Déboires qui ne suffisent pas à effrayer Fady Khallouf. Le nouveau directeur général de Theolia, nommé après une bataille épique entre plusieurs actionnaires individuels du groupe cet hiver, affiche une confiance impressionnante. «?Nous allons effectuer un juste retour à la bonne stratégie?», déclare-t-il. Stratégie qu'il veut faire reposer sur deux piliers?: le développement de projets, qui pourront être cédés après deux ou trois ans de fonctionnement, et l'exploitation de fermes détenues en propre par Theolia. «?Nous arbitrerons en permanence afin de conserver les actifs les plus rentables?», ajoute-t-il. «?Dans ce secteur au potentiel réel, la création de valeur est réalisée par le développeur de projets. C'est une culture qui ne s'improvise pas?», objecte un concurrent.Le temps est comptéFady Khallouf en a vu d'autres. Après être passé chez Sita et Elyo (Suez Environnement), il a été chargé par EDF de mener la restructuration de l'électricien italien Edison entre 2003 et 2005. Il est fier de son bilan?: une dette ramenée de 12 à 4?milliards d'euros, accompagnée d'un relèvement de 40?% de l'excédent brut d'exploitation de l'électricien. Mais chez Theolia, le temps est compté. Même si l'augmentation de capital, qui sera garantie à hauteur de 75?%, devrait desserrer l'étau. Si elle est bel et bien lancée.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.