De plus en plus fragilisé, BP cherche à lever des fonds au plus vite

La photo, parue dimanche en une du cahier économie du « Sunday Times », fait très mauvais effet. Samedi, le directeur général de BP, Tony Hayward, a participé sur l'île de Wight, à une régate dans laquelle était en course un bateau qui lui appartenait. Ce jour de congé en pleine marée noire, que le secrétaire général de la Maison-Blanche Rahm Emmanuel a d'ailleurs qualifié de « grave erreur », apparaît comme un nouvel impair de la part de Tony Hayward, personnage central et controversé de la crise. Le président de BP, Carl-Henric Svanberg, entend au demeurant confier désormais la gestion quotidienne de la catastrophe écologique à l'américain Robert Dudley, directeur exécutif de BP aux Etats-Unis. Pendant ce temps-là, le pétrole continue de s'écouler et le pompage du brut connaît des ratés. BP ne récupère en moyenne que 25.000 barils par jour sachant le puits situé à 1.500 mètres de profondeur en crache chaque jour entre 35.000 et 60.000 barils. Or la loi américaine prévoit une amende de 1.100 dollars par baril répandu dans la mer, qui pourrait monter à 4.300 dollars si BP est jugée coupable « d'extrême négligence ». « négligence caractérisée »Dans le pire des cas, si la fuite n'est pas colmatée avant la fin août (quand les puits de secours actuellement en forage devraient être terminés), cela signifie que 6,7 millions de barils auront fui, ce qui pourrait porter l'amende au maximum à presque 30 milliards de dollars - ou à quatre fois moins si l'extrême négligence n'est pas prouvée. Le groupe pétrolier américain Anadarko, co-propriétaire de la licence du gisement où a eu lieu la fuite, a accusé vendredi BP de « négligence caractérisée ou de manquements délibérés » dans son comportement et ses actions.Au demeurant, sous la pression de l'administration américaine, BP s'est engagé à créer la semaine dernière un fonds de compensation de 20 milliards de dollars au cas où le groupe déposerait son bilan ou se retrouverait incapable de financer le nettoyage ou les indemnités estimées à 40 milliards de dollars par Standard Chartered. ventes d'obligationsAussi, BP cherche-il en urgence des capitaux pour faire face à ses obligations. Le « Sunday Times » a avancé dimanche que la compagnie pétrolière cherche à réunir 50 milliards de dollars (40,4 milliards d'euros), ce qui couvrirait effectivement tout à la fois le fonds de compensation et les amendes encourues. Le journal britannique affirme que BP va commencer par vendre, dès la semaine prochaine, pour dix milliards de dollars d'obligations, puis le groupe sollicitera auprès de ses banques un prêt de vingt milliards de dollars. Enfin, vingt autres milliards de dollars seront réunis dans les deux ans à venir grâce à la vente d'actifs, croit savoir le journal dominical qui ne cite pas ses sources.De son côté, l'« Independent on Sunday » assure que BP va céder ses actifs en mer du Nord dans le cadre d'un plan visant de réduction des coûts de 14 milliards de dollars (11,3 milliards d'euros) dans les six mois. Le groupe cédera également ses intérêts dans des dizaines de projets d'exploration et de production où il n'a pas la majorité. Enfin, le groupe va également étudier la possibilité de vendre les 1,4 % qu'il détient dans le russe Rosneft, qu'il avait acquis pour 1 milliard de dollars en 2006.
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