La monnaie unique a mangé son pain noir

C'est dans un climat plus apaisé vis-à-vis de la crise des dettes souveraines de la zone euro et ses menaces supposées sur la croissance que la monnaie unique a terminé sa semaine la plus faste depuis un an face au dollar. Le couple vedette du marché des changes évoluait vendredi autour de 1,24. Les cinq dernières séances ont permis à l'euro de regagner 2,5 % de sa valeur face au billet vert, pourcentage qui passe à 4,5 % par rapport au point bas de quatre ans touché le 7 juin à 1,1875. L'accord trouvé jeudi au sommet des chefs d'Etat européens sur une meilleure gouvernance économique de la zone, couplé à l'atténuation des craintes sur l'Espagne, à propos de laquelle le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, se déclare « très confiant sur le moyen-long terme », a redonné aux acteurs du marché des changes un peu d'appétit pour la monnaie unique. Même si les scénarios d'une rechute de l'euro face au dollar restent majoritaires, un nombre grandissant de stratèges, voire de grands patrons de banques, ont changé leur fusil d'épaule. C'est le cas de Josef Ackermann, le président du directoire de la Deutsche Bank, qui a affirmé vendredi : « Le pire de la crise de l'euro est derrière nous. » Les économistes de Goldman Sachs, qui ont révisé en hausse leur pronostics concernant la parité euro-dollar qu'ils voient évoluer autour de 1,25 à l'horizon de douze mois, se sont posé la question qui fâche : y a-t-il fuite des capitaux hors de la zone euro qui expliquerait les attaques dont a été victime la monnaie unique et qui assombrirait son avenir. A l'origine de leur interrogation, la révélation, qualifiée de « stupéfiante », de la flambée des réserves de change suisses, passées au cours du seul mois de mai de 28 % à 43 % du PIB. Leur constat : les derniers chiffres disponibles sur les Etats-Unis et le Japon qui portent sur avril - déjà un mois de fortes turbulences dans la zone euro - ne montrent aucun signe de réallocation des portefeuilles hors des actifs libellés en monnaie unique. Rythme soutenuLes rapatriements de capitaux de la zone euro vers le Japon ont connu le même rythme en avril qu'au cours des deux mois précédents et les sorties hors de l'archipel se sont fortement contractées ne bénéficiant à aucun pays ou zone spécifique. Quant aux statistiques du Trésor américain sur les flux nets de capitaux d'avril, elles révèlent un rythme soutenu d'achats d'actions et d'obligations de la zone euro, à hauteur de 16 milliards de dollars, le niveau qui prévalait début 2007, avant l'éclatement de la crise financière. C'est clair : il n'y a pas de crise de confiance à l'égard de la zone euro de la part des investisseurs japonais et américains, du moins en avril, conclut la banque. La baisse accélérée de l'euro à l'époque aurait été déclenchée par la multiplication des positions vendeuses nettes prises par les fonds d'arbitrage sur les marchés à terme.
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