Paris en ligne  :  ajustements ultimes avant le débat public

En juin 2010, les Français pourront en toute légalité parier sur les péripéties des Bleus (s'ils sont qualifiés) en Afrique du Sud. « Nous voulons être prêts pour la Coupe du monde de football 2010. L'Autorité de régulation sera en marche et les licences délivrées », a expliqué Éric Woerth vendredi. Pas question de revenir sur l'ouverture du marché des paris sportifs et hippiques et du poker sur Internet prévue l'an prochain. Même si la Cour de justice européenne a donné, au début du mois, la possibilité aux États de décider de leur avenir en la matière.« Ce n'est pas sous la pression de la Commission européenne que nous ouvrons le marché. Mais parce qu'il y a 25.000 sites illégaux, qui mettent en danger les mineurs et les personnes les plus fragiles », a expliqué le ministre du Budget, qui se prépare à la critique alors que le projet de loi sera débattu à l'Assemblée nationale à partir du 7 octobre. Jusque-là, les querelles sont restées techniques, portant sur des questions de taxes ou de périmètre d'ouverture.cyberpatrouilleursLe débat public devrait maintenant se focaliser sur le jeu d'argent en tant que tel et sur les problèmes qu'il pose en termes de santé publique. « Nous y avons beaucoup réfléchi. Mais la prohibition, cela ne marche pas. Il faut lutter autrement », a martelé Éric Woerth, qui espère préserver les 5 milliards de recettes fiscales que rapporte le jeu à l'État. Les pouvoirs de la future Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) ont été renforcés lors du passage du texte cet été en commission des Finances (voir « La Tribune » du 23 juillet), notamment avec la création de cyberpatrouilleurs. « Nous aurons recours à des joueurs mystères. Les licences ne pourront être attribuées à des personnes morales qui auront été condamnées pénalement. Il sera demandé aux fournisseurs d'accès Internet de bloquer les sites, et aux banques les flux financiers », a expliqué Jean-François Vilotte, le futur président de l'Arjel dont les équipes sont déjà au travail. Il mise sur les sites légaux pour faire la police auprès de ceux qui leur font de la concurrence déloyale.La future autorité s'attend à recevoir une centaine de demandes de licences. Elle a commencé à plancher sur les types de paris qui seront autorisés. Pour décourager la corruption des événements sportifs, les paris « négatifs » (parier sur une faute par exemple) seront interdits.Visant les opérateurs comme Betclic ou Unibet, déjà actifs sur le marché français, le ministre a répété le principe d'une remise à zéro des compteurs l'an prochain. « Les joueurs comparent beaucoup entre les différentes offres. Ce n'est pas une clientèle captive », a insisté Éric Woerth. L'Arjel étudie également un plafonnement des bonus que les opérateurs déjà en place pourraient proposer aux clients conquis avant l'ouverture. En attendant, le gouvernement a opté pour la clémence vis-à-vis des sites aujourd'hui hors la loi. Car, si ceux-ci ne font plus de publicité dans les médias traditionnels, ils ne se privent pas sur Internet. « Nous sommes dans une période compliquée », a admis le ministre avec philosophie.
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